11 questions à David Lauzon-Giroux, inspecteur de la brigade graffitis

Mis à jour le 9 décembre 2020
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David est membre de la brigade pour la lutte aux graffitis dans Ville-Marie. Tous les jours, il patrouille pour s’assurer d’intervenir le plus rapidement possible. Son plus grand plaisir : sentir qu’il a un impact sur la propreté et qu’il contribue au sentiment de sécurité des citoyen-ne-s.

1 - En quoi consiste ton métier d’inspecteur d’arrondissement?

Mon métier consiste à me promener dans l’arrondissement pour repérer les graffitis sur plusieurs surfaces : boîtes électriques, lampadaires, bornes-fontaines, façades de bâtiments. Mes priorités sont les demandes citoyennes et les graffitis haineux même si au final, je dois tous les répertorier. Puis, je transmets l’information à un fournisseur externe qui se charge de les enlever dans un délai rapide. Une fois les graffitis retirés, j’effectue un suivi de la qualité des travaux qui ont été exécutés. C’est ma cinquième année comme inspecteur d’arrondissement!

2 - Fais-tu cela toute l’année?

Oui. C’est sûr qu’il est plus difficile d’intervenir l’hiver, à cause de la température qui réduit l’efficacité de certains produits. On ne peut pas, par exemple, repeindre n’importe quelle surface s’il fait trop froid. Bien qu’ils soient quand même présents, on constate par contre qu’il y a moins de graffitis à enlever l’hiver. La saison forte, c’est vraiment l’été, quand les gens sont plus souvent à l’extérieur. On voit la différence.

3 - T’occupes-tu uniquement des graffitis?

Majoritairement, oui. Mais je veille aussi à l’exécution des contrats pour les toilettes autonettoyantes, et je m’occupe également de la patrouille canine dans Ville-Marie. Cette tâche consiste à s’assurer que la réglementation animalière de l’Arrondissement est respectée : permis, médailles, laisses, propreté, etc. 

4 - Combien êtes-vous à faire cela?

Nous sommes trois inspecteurs d’arrondissement affectés à l’enlèvement des graffitis. Comme il y a trois districts dans Ville-Marie, chacun est assigné dans son secteur pour s’assurer de couvrir l’entièreté du territoire. C’est important qu’il y ait quelqu’un à chaque endroit pour répondre aux demandes des citoyen-ne-s. De mon côté, ça me prend environ une semaine pour compléter toutes les rues de mon district, puis je dois recommencer. Les graffiteurs sont vraiment actifs dans Ville-Marie!

 5 - Qu’est-ce qui t’a mené à faire ce métier?

J’ai entendu parler du poste et ça m’intéressait de rendre ce service direct aux citoyen-ne-s. On joue un rôle non seulement dans la propreté et dans l’image que dégage l’arrondissement, mais aussi dans le sentiment de sécurité qu’éprouvent les citoyen-ne-s. D’ailleurs, ce que je préfère dans mon travail, c’est de pouvoir constater concrètement l’impact que l’on a par la reconnaissance des gens.

6- Est-ce que ce travail requiert une formation spécifique?

Pour devenir inspecteur d’arrondissement, aucune formation spécifique n’est exigée. Cependant, quand on entre en poste, on reçoit une formation propre à l’emploi. Plusieurs connaissances, comme les procédés et produits utilisés ou les types de réactions chimiques, s’acquièrent avec le temps et l’expérience. Sur le terrain, on en apprend beaucoup. Aussi, dans le cadre du travail, mes deux collègues et moi sommes amenés à compléter un certificat en gestion des services municipaux. On suit ces cours pour nous perfectionner dans le domaine municipal, et je trouve que ça permet de mieux comprendre tout ce qui se passe autour de nous.

7 - Les graffitis sont-ils, selon toi, un enjeu majeur dans Ville-Marie?

C’est encore un enjeu majeur, mais je dirais que notre efficacité est plus grande qu’il y a quelques années. Il faut prendre en compte que le centre des grandes villes est un endroit prisé pour les graffitis vu l’affluence de travailleur-euse-s, étudiant-e-s, touristes, etc. Mais oui, on voit tout de même moins de graffitis qu’avant. La question qu’il faut se poser est : « est-ce que si on se relâche, les graffitis vont revenir? »; c’est sûr que oui. Même si les graffiteurs savent qu’on est là, qu’on est efficaces sur le terrain et qu’on enlève leurs graffitis jour après jour très rapidement, ça ne les empêche pas de revenir en faire. Ça reste d’actualité. 

8 - Comment distinguer l’art de rue d’un graffiti?

On enlève tout ce qui se retrouve sur une surface sans qu’il y ait eu de permission de la part du propriétaire. Même s’il s’agit d’une superbe œuvre d’art, si le propriétaire du bâtiment veut la faire retirer, c’est certain qu’on va intervenir. Souvent, de toute façon, ce sont des tags, de simples signatures au crayon permanent ou en aérosol sans attrait visuel particulier. Pour ce qui est des murales, des arrangements sont conclus entre l’Arrondissement et les organismes, via un programme d’art mural visant à bonifier le paysage urbain. Notre division joue aussi un rôle dans le processus.

9 - Ah oui? En quoi ce rôle consiste-t-il?

On nous demande notre avis pour savoir où sont les besoins dans l’arrondissement et quel mur pourrait être intéressant pour une nouvelle murale. On propose des emplacements en fonction de leur visibilité, grandeur et de leur localisation, de préférence sur une artère principale. Les murs très prisés par les taggueurs sont aussi un bon choix car en créant une murale à cet endroit, on évite que les graffiteurs y touchent puisqu’en général, un respect existe entre eux et les artistes muralistes. 

10 - Quels sont tes contacts avec le public?

Le port du dossard orange pique la curiosité des citoyen-ne-s : on peut souvent être perçus comme des guides touristiques (rires). Les gens veulent aussi savoir ce qu’on fait, et j’en profite pour leur expliquer le service qui leur est offert. Avec les commerçant-e-s, c’est très facile aussi. En général, ils nous connaissent un peu plus, car on retrouve plus de graffitis sur les bâtiments commerciaux; ils savent donc qu’on est là pour intervenir et ça leur fait ce poids de moins sur les épaules. 

11 - Pourquoi les gens devraient-ils connaître ton métier?

Parce que peu de gens savent qu’un service de retrait de graffitis est à leur disposition. Pourtant, c’est important : Ville-Marie déploie des efforts pour son entretien, son embellissement et sa propreté! Plus personnellement, je pense que si les gens connaissaient notre métier, on pourrait intervenir à plus grande échelle et nos résultats seraient encore plus concrets dans l’arrondissement.