9 questions à Marc-Eugène Bérubé et Philip Veerabadren, transporteurs officiels

Mis à jour le 27 mars 2024
Temps de lecture : 4 min

Installation de divers aménagements lors d’événements, transport de mange-trottoirs embellissant les ruelles ou d’autres objets lourds : le duo de Marc-Eugène et Philip se fait surnommer « Le Clan Panneton » grâce à leurs bras et à leurs yeux qui permettent des déplacements en toute sécurité.

En quoi consiste votre métier?

Marc-Eugène : Mon vrai titre est chauffeur opérateur d’appareils motorisés de classe B. En d’autres termes, cela signifie qu’avec Philip, nous nous occupons de transporter  tout ce qui ne rentre pas dans des camions de taille standard. Nous sommes les transporteurs officiels de Ville-Marie.

Philip : Nous faisons partie d’une équipe de quatre, mais notre duo s’occupe spécifiquement des événements. Nous transportons et installons des tables de pique-nique, des poubelles, des bancs et nous installons des barrières de type barricade lors des occasions spéciales, comme pour une fête de quartier, mais aussi pour des périodes désignées dans l’année. Par exemple, l’été, nous installons des blocs de bétons et des bacs à fleurs pour fermer les rues à la circulation lors des piétonnisations. Ce n’est pas pour rien que l’on nous surnomme « Le Clan Panneton! »

Quelle est votre saison de travail?

Philip : Nos mois les plus chargés commencent avec la venue du printemps, puis de l’automne. Donc, de mars à juin et de septembre à novembre, nous avons très peu de répit. L’hiver, de mon côté, j’effectue des travaux de voirie.

Marc-Eugène : Pour ma part, durant l’hiver, je m’occupe de la propreté et de conduire le camion lors de la collecte des ordures. Comme j’ai une préférence pour le travail physique (et un climat chaud), inutile de vous dire que je préfère la saison estivale!

Quel est votre parcours?

Philip : Après une carrière de douze ans dans le domaine du service à la clientèle, j’ai commencé mes fonctions à Ville-Marie en 2019.  

Marc-Eugène : Pour ma part, j’ai travaillé de nombreuses années dans une fonderie puis, un jour, j’ai eu un accident et je me suis brûlé la main. Cela m’a tellement traumatisé que par la suite, je n’osais même plus entrer dans mon lieu de travail. Mon ancienne conjointe travaillait à la Ville et m’a suggéré d’y postuler, en 2009. 

Pour quel type d’événement travaillez-vous le plus souvent?

Philip : C’est difficile à dire car, bien que nous recevons normalement la liste des événements deux semaines à l’avance, nous ne sommes pas toujours informés sur leur nature. On nous dit le lieu, les besoins et la date à laquelle nous devons retirer les installations, mais sans plus. 

Marc-Eugène : Par contre, le type de tâche qui revient le plus souvent est le transport des bacs à fleurs, surtout depuis que nous verdissons les ruelles et que nous travaillons en partenariat avec les éco-quartiers. Mais d’autres événements reviennent d’année en année, comme la Fierté Montréal. 

Comment vous répartissez-vous les tâches?

Marc-Eugène : En général, nous utilisons deux véhicules pour nos événements : le chariot-élévateur et la semi-remorque, sur laquelle on peut transporter des objets pesant jusqu’à 11 tonnes. Pendant qu’une personne soulève les objets, l’autre s’assure de garder un périmètre de sécurité et de sécuriser le transport de la marchandise à l’aide de chaînes ou de ganses.

Philip : Nous avons également notre propre méthode de travail. C’est nous qui opérons les plus gros camions dans tout l’arrondissement, donc imaginez traverser le trafic, un chantier de construction ou, pire encore, se frayer un chemin dans les ruelles à bord de ces immenses véhicules! Pour éviter de perdre trop de temps, l’un part souvent avant l’autre pour lui indiquer le meilleur chemin à emprunter.

Vous avez l’air de bien apprécier travailler en duo?

Philip : Oh oui, c’est l’une des choses que j’apprécie le plus dans mon travail! Marc et moi nous entendons vraiment bien, on se comprend parfois sans même se dire les choses. On sait comment travailler ensemble, on a une espèce de connexion télépathique!

Marc-Eugène : Pour moi aussi, c’est l’une des raisons pour lesquelles j’ai le plus de plaisir à venir travailler. Je suis parfois un peu stressé mais Philip est de nature tellement relaxe que ça me calme instantanément. Nous sommes comme le yin et le yang, et je crois que ça contribue à ce que les tâches s’effectuent rapidement et en toute sécurité. 

Vos muscles sont-ils endoloris après vos journées de travail?

Philip : Ça dépend de la période de l’année et de ce qu’on a à faire. Quand on recommence le travail physique lors de la reprise des événements au printemps, on est moins habitués, donc oui. Normalement, à l’automne, ça va mieux… mais il y a des exceptions! Comme hier, par exemple, nous avons dû défaire 220 barricades! Disons que j’étais assez raqué ce matin!

Marc-Eugène : Même chose pour moi. On n’a pas besoin de s’entraîner : notre métier consiste en un entraînement en soi! Même que l’été, je perds entre 20 à 25 lbs.

Pouvez-vous nous partager une anecdote reliée à votre métier?

Philip : Il y a le mythe du mange-trottoir disparu… Il s’agit d’un mange-trottoir que nous nous rappelons très bien avoir installé, et qui a disparu du jour au lendemain. Un mange-trottoir, c’est extrêmement lourd : on se demande encore comment quelqu’un a pu partir avec ça!

Marc-Eugène : Dans la même lignée, les tables à pique-nique de la Ville sont reconnaissables de loin, c’est-à-dire qu’elles sont conçues de manière un peu spéciale pour qu’on puisse les distinguer. Et donc, j’ai déjà retrouvé une de nos tables… dans un café à Gatineau!

Qu’est-ce que vous préférez dans votre métier?

Marc-Eugène : Je sens que je contribue vraiment à embellir l’arrondissement et ça me rend très fier. Nous sommes très méticuleux quand nous travaillons, on s’arrange pour que tout soit sur la coche!

Philip : Moi, j’aime constater que ma ville offre toute une gamme d’activités divertissantes pour ses citoyen-ne-s, et ça me donne même des idées où emmener ma famille.