Une journée avec Nathalie Brun, bibliothécaire jeunesse
Nathalie Brun est bibliothécaire jeunesse à la bibliothèque Mordecai-Richler, sur Le Plateau-Mont-Royal.
Tranquille le travail de bibliothécaire? Oh, mais au contraire! Et encore moins si vous êtes dynamique et passionnée comme Nathalie. Partez à sa rencontre!
Comment t’es-tu retrouvée à occuper ce poste ? Quels sont ta formation et ton parcours ?
J’ai grandi dans une famille de grands lecteurs. Mes deux parents étaient enseignant(e)s et ont toujours valorisé l’importance de la lecture. Nous n’avions pas de bibliothèque dans mon petit village, mais mes parents nous ont entourés de livres. J’étais la plus jeune de la famille. J’étais tellement jalouse de mes frères et de ma sœur qui savaient déjà lire. Quand je les voyais assis en train de lire calmement, je prenais un livre que je “lisais” à voix haute en imaginant ce que toutes ces lettres pouvaient bien raconter. Je crois que mon destin a toujours été de devenir bibliothécaire.
Acadienne originaire du Nouveau-Brunswick, j’ai complété des études en sciences politiques et en droit à l’Université de Moncton avec l’objectif de travailler en développement communautaire. J’ai œuvré pendant plus de 10 ans au sein d’une association de pêcheurs côtiers où le taux d’analphabétisme était très élevé. C’est là que j’ai compris tous les obstacles vécus au quotidien par une personne analphabète. Lire les conditions d’un permis de pêche, s’adapter au virage numérique ou tout simplement avoir accès à la bonne information pour participer activement au travail de l’association était un défi.
C’est cette expérience qui m’a amenée à me réorienter vers le monde des bibliothèques. J’ai quitté mon emploi et je me suis inscrite au programme de maîtrise en sciences de l’information à l’Université de Montréal avec l’objectif de devenir bibliothécaire. La profession combinait mon intérêt pour le développement communautaire et ma conviction profonde que l’apprentissage de la lecture était la clé pour assurer le développement de ma communauté.
J’ai occupé le poste de directrice de la Bibliothèque publique de Dieppe au Nouveau-Brunswick. pendant 15 ans. J’ai adoré mes années au sein du Service des bibliothèques publiques du N.-B. Toutefois, comme beaucoup de gens, l’impact de la COVID sur ma famille m’a poussée à vouloir me rapprocher d’eux. J’ai décidé de rejoindre ma sœur, ma nièce adorée et mon frère déjà établis à Montréal, et j’ai eu la merveilleuse chance de me joindre à l’équipe de la Bibliothèque Mordecai-Richler comme bibliothécaire jeunesse en décembre dernier.
Que fait au quotidien une bibliothécaire?
Un des aspects que j’adore de ma profession est la variété des tâches. À la base, être bibliothécaire jeunesse, c’est travailler en service à la clientèle. Je réponds aux questions des usager(e)s, je les aide à s’orienter dans la collection et j’offre des suggestions de lecture. J’aide les gens à utiliser nos ressources en ligne comme la bibliothèque numérique ou encore à trouver le bon formulaire pour un programme du gouvernement. Je coordonne et accueille les visites des groupes scolaires et des garderies pendant l’année scolaire et des camps de jour pendant l’été. Je développe la programmation jeunesse et je collabore au marketing en créant des affiches et du contenu pour les médias sociaux. J’anime des activités pour promouvoir l’apprentissage de la lecture comme les heures du conte et des ateliers créatifs, scientifiques et autres pour encourager les gens à visiter la bibliothèque et à continuer leurs apprentissages. J’ai aussi comme tâche de développer des liens et des partenariats avec des groupes communautaires pour nous aider à identifier les besoins de notre quartier ou de notre arrondissement.
Comme bibliothécaire jeunesse à Mordecai-Richler, je fais aussi le développement de la collection jeunesse en anglais pour 11 bibliothèques du réseau de Montréal. C’est une partie du travail que j’adore. Pour moi, c’est important que les gens se retrouvent dans leur bibliothèque. Pour un(e) enfant, se voir représenté(e) dans une heure du conte ou dans un roman qui témoigne de son vécu, c’est un message important qui lui est communiqué : il ou elle n’est pas invisible. Il ou elle fait partie de la communauté.
Les bibliothèques, c’est souvent la première fois qu’un enfant interagit avec un(e) employé(e) du secteur public. Sa voix compte et ce qu’il ou elle aime et veut lire est important au même titre que pour un adulte. J’aime penser que c’est un peu le début de sa vie citoyenne.
J’adore être en lien avec le public et l’énergie des enfants est contagieuse. C’est difficile de ne pas avoir le sourire aux lèvres quand on anime un conte et qu’on réussit à faire rire les enfants ou à les émerveiller. Je retire une grande satisfaction d’aider les enfants à trouver des livres pour leur faire découvrir le plaisir de la lecture. Les enfants sont une clientèle très enthousiaste mais très exigeante. Les petit(e)s aiment ou n’aiment pas, et ils et elles nous le font savoir!
Je sens que les gestes que je pose peuvent avoir un impact réel sur la vie d’une personne. Parfois, ça veut dire aider un(e) nouvel(le) arrivant(e) à trouver des ressources pour faciliter l’apprentissage du français et l’aider à s’intégrer. Un autre jour, c’est aider un parent à trouver des ressources pour aborder des sujets difficiles comme le deuil ou la santé mentale avec son enfant. Et parfois, c’est tout simplement aider un(e) enseignant(e) pendant l’année scolaire en préparant des lots thématiques pour sa classe.
Selon toi, qu’est-ce que ça prend pour être une bonne bibliothécaire?
Il faut aimer être en lien avec les gens. Avoir une bonne écoute. Vouloir aider. Il faut être ouvert(e), curieux(se) et capable de s’adapter aux différents types de personnalités, et bien sûr, comme bibliothécaire jeunesse, il faut aimer travailler avec les enfants. Il faut aimer apprendre et continuer d’apprendre. On n’a pas besoin de connaître tous les livres, mais c’est très utile d’avoir une bonne culture générale pour pouvoir mieux répondre aux besoins d’information des gens. On peut être appelé à jouer tellement de rôles. On peut passer de l’animation d’une heure du conte à aider une personne en situation d’itinérance à trouver un hébergement pour la nuit.
Et à notre époque, je pense qu’il est important d’être capable de défendre le rôle et la mission des bibliothèques publiques comme outil de développement communautaire et social. Mon père disait que son métier d’enseignant n’était pas une profession mais une vocation. Je pense avoir trouvé le même sentiment de mission dans ma profession de bibliothécaire.
Qu’est-ce que tu aimerais que les citoyen(ne)s sachent à propos de ton travail qui est peut-être méconnu?
On entend souvent : “Ça doit être le fun de passer ta journée à lire des livres!”. Si seulement c’était vrai! Dans le quotidien, nous sommes trop occupé(e)s. Comme vous, on lit nos livres à la maison… sauf pour les heures du conte! Ça, c’est le petit bonheur secret des bibliothécaires jeunesse.
Enfin, as-tu un lieu coup de cœur sur Le Plateau? Si oui, lequel?
Les pistes cyclables! J’ai vraiment pu redécouvrir le bonheur de faire de la bicyclette avec le réseau de pistes cyclables. J’adore pouvoir me rendre au travail à bicyclette et explorer l’arrondissement et la Ville. Mais aussi, c’est certain qu’avoir grandi comme francophone en milieu minoritaire au N.-B., la richesse de l’offre culturelle en français est incroyable. Je suis abasourdie par l’éventail de spectacles offerts par les Maisons de la culture et tous les autres événements culturels gratuits. J’ai trouvé un bel équilibre et une belle qualité de vie sur Le Plateau.
Merci Nathalie!
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