Après avoir repris ses études en travail social à l’âge de 35 ans, Xavier a découvert sa véritable vocation : accompagner les personnes en situation d’itinérance. Depuis dix ans, il consacre son énergie à cette mission, d’abord en Europe, puis au Québec depuis cinq ans. Arrivé au sein de l’équipe du Plateau il y a quelques mois, il se distingue par sa compassion, son ouverture et sa grande gentillesse — des qualités essentielles pour exercer un métier aussi exigeant. Partez à sa rencontre!

Comment t’es-tu retrouvé à occuper ce poste? Quels sont ta formation et ton parcours?

Mon parcours est loin d’être classique. J’ai étudié et travaillé dans le domaine de la vente pendant une quinzaine d’années en Europe, d’où je suis originaire. Avec le temps, j’ai réalisé que ce qui me motivait n’était pas la vente d’un produit, mais les relations humaines.

À 35 ans, j’ai tout quitté pour reprendre des études en travail social. Au départ, je ne savais pas vers quel public m’orienter, jusqu’à ce qu’un cours de sociologie me fasse analyser un texte sur des jeunes en situation d’itinérance. Ce fut un véritable déclic. J’ai toujours eu en moi le désir de lutter contre l’exclusion, mais je crois qu’il me manquait la maturité nécessaire. Travailler auprès des personnes vulnérables exige une solide connaissance de soi, de la maturité et du recul pour ne pas se laisser submerger émotionnellement. À 25 ans, je sais que je n’aurais pas été prêt pour ce métier.

Aujourd’hui, cela fait dix ans que j’accompagne des personnes en situation d’itinérance : cinq ans en France, puis cinq ans à Montréal. Depuis quelques mois, j’ai le privilège d’occuper le poste d’agent de liaison en intervention sociale dans l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal.

Que fais-tu au quotidien dans ton travail?

Mon quotidien est loin d’être routinier !Chaque jour, j’interagis avec des personnes en situation d’itinérance sur le territoire du Plateau. Je prends le temps de comprendre leurs parcours et leurs besoins, puis je les oriente vers les ressources communautaires appropriées. Je veille également à signaler les situations qui nécessitent l’intervention des autorités compétentes. Il n’y a pas de journée typique : ça bouge constamment! Je traite des requêtes citoyennes, par exemple en lien avec des campements, je coordonne des opérations de nettoyage avec les équipes des travaux publics, je collabore avec des partenaires institutionnels et communautaires, et je me déplace partout sur Le Plateau. C’est un rôle très varié qui me permet de rencontrer chaque jour une multitude de personnes, qu’elles soient logées ou non.

Quel est l’élément de ton travail que tu préfères?

Ce que j’aime dans mon travail, c’est avant tout le contact humain et l’esprit d’équipe. Je suis entouré de personnes compétentes et dévouées qui m’apportent leur soutien chaque jour. J’apprécie aussi le fait que mon travail ne soit jamais routinier : je suis souvent en déplacement, à pied ou à vélo, ce qui me permet de prendre l’air et de me ressourcer après des moments plus difficiles.

Quelles sont les qualités requises selon toi pour occuper ce poste?

Dans ce métier, il est essentiel de ne pas se mettre de barrières et de ne jamais juger. L’empathie et la bienveillance sont fondamentales, mais le respect des personnes l’est encore davantage. Je ne suis pas toujours porteur de bonnes nouvelles, car mon rôle implique aussi de faire respecter les règlements municipaux. Mais je crois sincèrement qu’il est possible de le faire avec humanité et authenticité.

Qu’est-ce que tu aimerais que les citoyen(ne)s sachent à propos de ton travail qui peut être méconnu?

Nous sommes pleinement conscient(e)s des enjeux et nous agissons concrètement.Chaque jour, nous allons à la rencontre des personnes en situation d’itinérance pour comprendre leurs besoins et mettre en place des mesures d’atténuation et de sécurisation, pour toute la population du Plateau, logée ou non. Ce travail se fait en étroite collaboration avec les organismes communautaires et l’ensemble des parties prenantes.

Il est important aussi de rappeler que l’accompagnement des personnes vulnérables demande du temps. Ce sont des démarches souvent complexes, qui s’inscrivent dans le long terme et nécessitent de la persévérance.

Enfin, as-tu un lieu coup de cœur sur Le Plateau? Si oui, lequel?

J’adore explorer Le Plateau à pied ou à vélo dans le cadre de mon travail. Rien de mieux que de faire une pause au Parc La Fontaine, savourer l’air frais et déguster une bonne poutine de Ma Poule Mouillée sur Rachel Est. Et quand j’ai envie de varier les plaisirs, je me laisse tenter par un délicieux Bánh mì de l’épicerie Sue sur Duluth. Un vrai bonheur pour les papilles, au cœur d’un quartier vibrant !