Vous êtes-vous déjà questionné sur ce qui se cache derrière la mise en place des expositions ? L’art ne s’expose pas seul, pour y arriver il faut des mains expertes et des esprits organisés. Découvrez le rôle des responsables techniques aux expositions – ceux et celles qui transforment la vision en réalité.

Bonjour Véronique, bonjour Dimo!  

Pour commencer, parlez-nous un peu de vous, de votre rôle et de ce qui vous a amené à occuper ce rôle aujourd’hui.

D : Bonjour, moi c’est Dimo Ivanov, je suis responsable technique à la maison de la culture Mercier, depuis un an et demi. Ce qui m’a amené jusqu’ici, c’est l’art visuel, je suis un fan de A à Z et j’en fais aussi. Ce que je trouve le plus enrichissant pour moi, c’est de rencontrer des gens qui font de l’art et de côtoyer cet univers dans mon quotidien. Alors, un emploi qui me permettrait d’organiser des expositions, c’était vraiment une belle opportunité pour moi! 

J’ai commencé à la maison de la culture Mont-Royal, ensuite, un poste s’est libéré ici dans l’arrondissement. Travailler à titre de responsable, ça me correspondait parce qu’il y avait plus d’engagement au niveau de l’organisation comme créer des équipes, faire des plans de match et collaborer avec les artistes en amont et lors du montage.

V : Bonjour, moi c’est Véronique Laniel. Je suis aussi responsable technique aux expositions depuis presque un an, mais à la maison de la culture Maisonneuve. De mon côté, j’ai voulu intégrer le réseau des maisons de la culture, parce que je trouve que la mission de rendre l’art et la culture accessibles dans tous les arrondissements, c’est super important. 

J’ai suivi un cours en muséologie pour être technicienne. Je travaillais déjà à mon compte et faisais des montages ailleurs pour différents organismes et événements. Mon arrivée par la suite comme technicienne pour MHM s’inscrivait donc dans cette continuité. Il y a ensuite eu une ouverture en remplacement pour le poste de responsable technique, et puis maintenant, il est officiellement à moi!

En quoi consiste le rôle de responsable technique ?

V : C’est tout le travail de planification en amont. Donc, être dès le départ le contact de l’artiste, son point de référence. Dans le processus de choix des expositions, notre avis est aussi pris en considération. 

D : On doit évaluer la faisabilité de l’exposition, est-ce qu’elle peut être accueillie dans nos installations, en lien avec toutes nos contraintes techniques? Et puis, comme Véronique dit, c’est vraiment s’impliquer. Dès le début, le ou la responsable va rassurer à la fois l’artiste et l’agent(e) culturel. Ensuite, on va mettre en place pour que tout se passe comme on le veut, mais principalement comme l’artiste le veut, parce que c’est quand même son projet, tout ça. 

V : C’est aussi faire le calendrier, déterminer les dates, prévoir les technicien(ne)s dont on a besoin, combien de jours, combien de personnes, déterminer la charge de travail et le temps que ça va prendre pour le faire. Pendant le montage, on coordonne, donc on s’assure que tout le monde est en train de faire ce qu’il y a à faire, dans le bon ordre. 

D : Les technicien(ne)s en muséologie avec qui on travaille sont vraiment là pour nous donner un coup de main, parce que sans leur présence, ce serait impossible d’arriver au résultat final.

Qu’aimez-vous le plus dans votre travail ? 

V : Moi, c’est le contact avec les œuvres. Je trouve que c’est tellement un privilège qu’on a d’avoir cette proximité-là, d’en être entourés continuellement. Ça me nourrit et me donne le goût de venir travailler tout le temps.

D : Tout à fait. Je dirais que pour moi, c’est le contact avec les artistes. Les artistes travaillent nécessairement un petit peu en marge du classique travail dans notre société. Je trouve que ça génère toujours des réflexions et des discussions importantes et intéressantes qui viennent avec les œuvres que nous installons. Ça enrichit non seulement notre quotidien, mais notre personnalité aussi.

Avez-vous des contraintes physiques ou d’équipement avec lesquels vous devez porter une attention particulière à la santé, la sécurité et le mieux-être au travail, par exemple ?

V : C’est également une partie de notre rôle de prendre plus la responsabilité du projet sur nos épaules, notamment en s’assurant de la sécurité, que toutes les règles soient respectées. 

Comme il faut transformer les espaces pour y accueillir les expositions, ça implique de travailler en hauteur pour l’éclairage, de la découpe, de déplacer, créer ou modifier des cloisons et de soulever des charges. Nous faisons également des rappels sur les techniques de sécurité. 

D : On s’occupe aussi de fournir les équipements de protection individuelle. On s’occupe d’aller au magasin et d’être prêt pour le montage, de les avoir avec nous pour que ça se passe justement en sécurité, de façon impeccable. C’est ce genre de choses qui occupent notre prémontage.

Avez-vous un fait méconnu, amusant ou surprenant au sujet de votre quotidien ?  

D : Je mentionnais précédemment le privilège de pouvoir travailler avec des artistes, et bien c’est également un défi peu connu de notre travail. Quand l’artiste expose, c’est très personnel et ça vient avec beaucoup d’émotions, comme il ou elle expose une grosse partie de soi. En tant que responsables techniques, on doit gérer aussi cette émotion qui est riche de l’artiste, mais qui peut être un peu sur le qui-vive de comment ça va se passer. Il y a une certaine médiation à faire. 

V : Oui, nous devons être tout le temps rassurant(e)s pendant l’ensemble du processus. Tu ne veux pas arriver à la fin au dernier jour du montage sans avoir fait de suivis avec ton artiste régulièrement et que tout d’un coup, ça génère un stress. Alors que si tout au long tu es une présence rassurante pour l’artiste, c’est un rôle important à leurs yeux. C’est tout le temps dans ces moments-là qu’ils ou elles sont le plus content(e)s de nous avoir. Parfois, j’ai l’impression que je n’ai pas fait tant que ça, mais ils et elles sont souvent très reconnaissant(e)s de notre travail.

Finalement, pour quelles raisons, selon vous, devrait-on venir aux maisons de la culture ? 

V : Pour plusieurs raisons! Ça peut être simplement d’avoir un moment à tuer, l’envie de changer d’air ou de voir quelque chose de nouveau. D’avoir accès à une activité culturelle, sans impact sur ton budget, car les expositions sont gratuites. De découvrir les installations de son quartier et de faire partie de la vie culturelle.

D : Découvrir ce qui anime le Québec en ce moment, dans le sens où ce sont vraiment les artistes qui créent un lien avec la vie qu’on vit. Les œuvres des artistes présentées dans le réseau des maisons de la culture mettent en valeur les talents d’ici via des expositions professionnelles.

V : Ce sont souvent des artistes montréalais, on a même régulièrement des artistes qui viennent du quartier ou de l’arrondissement!

D : Une autre raison serait aussi de vivre quelque chose de différent à travers l’art visuel. Les œuvres qui sont présentées sont riches visuellement. Elles nous amènent à des places où on ne serait pas nécessairement allé tout seul, que ce soit, par exemple, des vidéos d’abstraction ou des installations sonores, ça enrichit notre perception personnelle du quotidien. Je pense que la maison de la culture permet une évasion.

__________

Maison de la culture Maisonneuve 

Photos prises dans le cadre de l’exposition en cours Les racines rêvent de fleurs aussi d’Eugenia Reznik, jusqu’au 21 décembre 2025. 

Expositions à venir, du 21 janvier 2026 au 8 mars 2026 : 

Étude sur la douceur de Gloria Pépin-Schippers 

Transfiguration de Julien Kandolo 

__________

Maison de la culture Mercier 

En cours, jusqu’au 14 décembre 2025: Les horizons incertains : altérités et permutations de Béchard Hudon 

Exposition à venir, du 21 janvier 2026 au 8 mars 2026 : 

Corps racines de Chloé Bourdages-Roy 

__________

Consulter le calendrier des maisons de la culture.