Le Plateau vu par... Thibault Chevallier, intervenant en médiation sociale

Publié le 9 février 2024 à 9 h 01
Mis à jour le 9 février 2024 à 11 h 26

Chaque mois, nous partons à la découverte du Plateau à travers les yeux et les mots de celles et ceux qui l’animent. Ce mois-ci, Thibault Chevallier, intervenant en médiation sociale au sein de l’organisme Plein Milieu.

Nous donnons rendez-vous à Thibault Chevallier directement devant les bureaux de l’organisme Plein Milieu, sur la rue Saint-Denis, à l’angle de la rue Gilford. Après les présentations d’usage, nous nous dirigeons à pied dans un café situé tout près. Nous nous trouvons une petite place dans un coin et entamons sans tarder la discussion devant deux tasses fumantes.  

Thibault aime les gens et ça parait. Ses yeux et son sourire parlent beaucoup et on sent la bienveillance qui émane de lui.  Une qualité nécessaire pour faire un métier comme le sien, nous l’apprendrons rapidement au fil de notre rencontre. 

Celui qui était intervenant dans le quartier chaud de la Goutte-d’Or dans le 18e arrondissement de Paris a atterrit à Montréal et chez Plein Milieu à l’automne 2022. D’abord travailleur de rue, il agit maintenant à titre d’intervenant en médiation sociale.  

En gros, son travail consiste à aller rencontrer des commerçant(e)s, des partenaires et/ou des citoyen(ne)s pour intervenir dans certaines situations où la cohabitation avec les personnes en situation d’itinérance est difficile. La plupart des personnes qu’il rencontre se retrouvent plus souvent qu’autrement mal outillées et ont de la difficulté à trouver les ressources pour répondre à leurs questions. 

Il donne également des ateliers pour accompagner l’entrée en relation des personnes logées avec des personnes en situation d’itinérance.  Il chapeaute aussi l’Oranger en compagnie des Semeurs (des travailleurs pairs qui ont déjà connu la rue), un beau projet de réseau solidaire où des commerces du quartier s’engagent à offrir aux gens dans la rue un service à la hauteur de leurs moyens, que ce soit l’accès aux toilettes, à un verre d’eau, à un café, à un don en attente ou à toute autre initiative du genre.  

Après en avoir appris un peu sur son travail, nous en profitons pour lui poser trois questions. 

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Le Plateau en un mot ?
Avant d’arriver au Québec, je n’avais pas tellement d’idée de ce que ça pouvait être, Le Plateau ! Et les mots que je choisis sont quand même teintés de mon expérience passée et du passage de Paris à Montréal. Le Plateau pour moi, c’est calme et agréable. Et ça s’étend à la ville en entier ! C’est deux ou trois fois plus grand que Paris et il y a moins de monde, donc nécessairement il y a plus d’espace. 

On a aussi en arrivant la notion un peu bizarre que tout est possible. Ce ne sont pas du tout les mêmes façons de faire, notamment en matière d’emploi. Ça donne une impression d’ouverture et que tu peux aller où tu veux ! 

Un lieu coup de cœur ?
C’est plutôt une belle surprise sous la forme d’un restaurant qui s’appelle Le Thé Perlé sur la rue Saint-Denis, près de Marie-Anne. D’abord, ils font des Bành mì (sandwichs vietnamiens) qui sont à tomber. Ensuite, en y allant quelques fois et en discutant de tout et de rien avec la personne en charge, cette dernière nous a fait don de plus de 300 sous-vêtements neufs emballés individuellement pour hommes et femmes à faire distribuer par nos travailleurs de rue. Cette générosité est arrivée de nulle part. C’est juste une belle rencontre d’humain à humain, avec une personne qui a vraiment le cœur sur la main !  

Votre meilleur souvenir du Plateau ?
Mes souvenirs sont pour le moment très récents ! Mais je pense d’emblée à cet été. Il y a eu une très belle initiative du Santropol Roulant sur les Terrasses Roy. On y servait de la soupe le vendredi soir et s’y retrouvaient chaque semaine des personnes de tous les horizons. Des gens aux niveaux de vie, aux emplois et aux âges complètement différents. Lors d’une des dernières soirées, il y a eu un karaoké en plein air et j’ai été témoin de beaucoup de mixité et de bienveillance.  C’est beau de se dire qu’on vit toutes et tous dans le même secteur et qu’on partage un moment ensemble.  

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La rencontre tire à sa fin. Nous concluons en demandant à Thibault s’il a un message à passer relativement aux personnes en situation d’itinérance. Il réfléchit un moment et sourit. 

“Arrêtez de faire semblant d’écouter. Si quelqu’un vous demande de l’argent, que vous préférez lui donner un sandwich et qu’il refuse, réfléchissez deux secondes et ne tombez pas dans le jugement. N’y allez pas en vous disant que vous allez satisfaire votre égo en faisant une bonne action. Écoutez le besoin de la personne. Et sinon, juste un petit bonjour avec un sourire, ça ne prend pas beaucoup de temps et ça ne vous demande même pas de vous arrêter.” 

Merci Thibault et Plein Milieu !

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