Deux complices à la barre du chantier Raymond-Préfontaine

Publié le 22 août 2024 à 14 h 57
Mis à jour le 23 août 2024 à 14 h 55

Karoline Davignon et Alexandre Perron sont architecte paysagiste et agent technique en architecture du paysage à l’arrondissement de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve. Leur mandat actuel consiste au réaménagement du parc Raymond-Préfontaine et la conception du nouveau planchodrome.

Nous les avons rencontrés pour en connaître un peu plus sur leur métier et comment se déroule le projet.

Qu’est-ce qui vous a amené à œuvrer dans le domaine de l’architecture du paysage ? 

Karoline : J’avais fait des études en art et en histoire de l’art et j’avais besoin de quelque chose d’un peu plus concret. Je trouvais que l’architecture du paysage alliait autant mon côté artistique que rationnel. Et finalement, je m’y plais énormément. 

Alexandre : De mon côté, j’ai fait du chantier pendant une douzaine d’années en aménagement paysager résidentiel. J’aimais beaucoup le métier et j’avais besoin de nouveaux défis. Je sentais que j’avais fait un peu le tour. Alors j’ai fait mon bac en architecture du paysage, qui est très connexe, et mes expériences passées me servent aujourd’hui. C’était comme une suite logique dans mon cas. 

Pouvez-vous nous décrire en quoi consiste le travail ? 

Karoline : C’est vraiment dynamique parce que les projets ne se ressemblent pas, c’est toujours du nouveau. Faire un planchodrome, ce n’est quand même pas banal ! On rencontre des experts planchistes et on finit par s’y connaître un peu…Finalement, on touche à tout sans devenir des experts. C’est ce que j’aime du métier. 

Alexandre : J’aime beaucoup la phase de conception. On consulte les gens, on récolte les besoins, on retourne en conception et après ça on tombe en chantier. À cette étape, c’est la concrétisation de nos idées. Il y a un bel équilibre entre le bureau et le terrain. Puis, une fois que le projet est terminé, on tombe en phase post-projet puis après la roue continue à tourner et on en entame un nouveau. On n’a pas le temps de s’ennuyer. 

Karoline : On est souvent dans les problèmes techniques. On doit trouver des solutions et essayer d’avoir la meilleure configuration possible. Heureusement, à la fin, tous les doutes qu’on a eu au long du projet s’estompent.

C’est vrai qu’il y a quelque chose de vraiment grisant du moment où tu dessines les lignes d’un planchodrome. Puis, quand tu te retrouves au chantier et que tu vois les jeunes en profiter, c’est tellement gratifiant.

Vous parliez des problématiques, il y a souvent des surprises sur les chantiers ? 

Karoline : Toujours ! Mais il n’y a rien comme une conception rigoureuse pour éviter le plus d’imprévus possibles. C’est sûr qu’il y a des choses qu’on ne peut pas savoir. Elles sont souvent au niveau souterrain. Dans le cas du parc Raymond-Préfontaine, Alexandre a fait un super travail en amont en allant fouiller dans les photos d’archives pour au moins voir venir ces éléments du passé qui ont été enfouis. 

Alexandre : Ici il y a du roc. On s’y attendait. On n’a pas été obligé de dynamiter, mais plutôt d’utiliser le marteau piqueur et la pelle. C’est sûr que ça ralentit les travaux, mais on était préparés et c’était dans le contrat. Mais ça reste que lorsque tu arrives en chantiers et que tu dois excaver 6 pieds et que tu as 5 pieds de roc à casser, c’est un bon défi ! 

 

Karoline : Les forages pré-travaux nous donnent une bonne idée de quoi est composé le sol. Ici, on est au-dessus du métro, on ne peut pas casser de roc. Lorsqu’on doit le faire, il doit y avoir une inspection du métro et on doit utiliser un détecteur sismique. Cela aurait allongé les délais et les coûts. On ne voulait pas se rendre là. On avait quand même bien fait nos devoirs pour connaitre ce qu’il y avait en-dessous, mais il reste qu’il y avait quand même un petit risque. 

On explique comment qu’il y ait du roc ici. On n’est quand même pas dans un endroit montagneux de la ville ? 

Karoline : Ça arrive quand même souvent qu’on trouve du roc à Montréal. Il y a plusieurs endroits où on en trouve dans l’arrondissement, par exemple sur Dupéré et Saint-Donat.

Alex : On a trouvé un vieil escalier en béton enfoui dans le secteur du parc de planche à roulettes. On n’en finissait plus d’essayer de dégager ça du sol. En regardant les photos aériennes, on a été capable d’identifier la structure. On a réussi à la sortir avec deux pelles. Ça nous a pris 3-4 heures. 

 

Karoline : C’était stressant parce que s’ils n’avaient pas été capable de la sortir avec la pelle, on aurait été obligé de prendre le marteau piqueur et on ça aurait déclenché la procédure de la STM d’inspection par les ingénieurs. Quand ils ont réussi à la sortir avec les pelles, j’étais bien contente. 

 

Alex : Les entrepreneur ne veulent pas ralentir les travaux et trouvent des solutions. Pour les deux opérateurs des pelles, c’était tout un défi. Et…il y a aussi l’orgueil qui embarque !

Je vous ramène à la conception, c’était comment de travailler avec l’Association skateboard Montréal? 

Karoline : Ce sont des gens qui s’y connaissent. Ils commencent à avoir une bonne expérience avec les comités, avec la Ville et avec les entrepreneurs. Ils sont deux, il y a Yan Fily-Paré et Charles Deschamps. Charles est plus du côté technique. Il a fait son cours en technique d’architecture. C’est lui qui fait les dessins et il les transmet aux ingénieurs. C’est un dessin très avancé et les ingénieurs n’ont qu’à faire les validations. Yan est un planchiste professionnel. 



Karoline : La mission de l’Association est de développer de plus en plus le sport. Ce sont des passionnés et ils sont généreux de leur temps. Le planchodrome Honoré-Mercier a aussi été dessiné par eux et il a été coté comme l’un des meilleurs à Montréal. 

Alex : Ça se passe très bien avec l’entrepreneur. On travaille avec des modules préfabriqués. Il y a certains modules qui sont coulés sur site et d’autres fabriqués en usine.

Travailler avec l’Association skateboard Montréal donne beaucoup de crédibilité au projet parce qu’ils sont connus dans le milieu. Il y avait quand même un peu d’appréhension de la communauté pour le projet, car l’ancien planchodrome était très important. Mais là, sachant qu’on collabore avec les bonnes personnes, le projet est accepté et attendu par la communauté.

En terminant, j’aimerais savoir comment est votre collaboration tous les deux ? Vous semblez former une bonne équipe

Karoline : (Avec enthousiasme) Ahhhh c’est l’fun ! On a vraiment du plaisir à travailler ensemble Alex et moi. C’est vraiment important… 

 

Alexandre : Ça fait déjà plus de 4 ans qu’on travaille ensemble. On a de bons fous rires. On se parle plusieurs fois par jour et je lui raconte les péripéties du chantier. Il y a plein de personnalités sur un chantier donc on ne s’ennuie pas (gros fou rire !). 

 

Karoline : On fait une bonne équipe parce qu’Alexandre, c’est une belle personne. Il est calme, il s’assure que tout le monde va bien, il est au courant de ce que la majorité vit, qui est de bonne humeur, qui va moins bien. Il s’ajuste pour que tout se passe bien. C’est précieux parce que parfois j’arrive avec mes grosses bottines, j’oublie de dire bonjour, je suis dans ma tête. Donc Alex va sonder et me rappelle à l’ordre (autre fou rire !). On est comme le bon cop, bad cop ! 

Alexandre : C’est exactement la dynamique ! Karo arrive parfois avec une fermeté qui est nécessaire. Son rôle c’est de trancher dans les moments plus délicats. Parfois, je dis aux gars de chantiers, ben là je vais devoir appeler Karo. Tout de suite, ils me disent : ok, c’est beau, on va arranger ça! 

 

Karoline : (rire) Je découvre un côté de moi que je ne connaissais pas. Je pense que même ma mère ne s’en serait pas douté ! C’est l’expérience aussi, on se sent plus confiants. 

On a parlé beaucoup du planchodrome. Il y a d’autres travaux autour, voulez-vous m’en parler? 

Karoline : Ce sont des travaux électriques. L’électricité était à refaire partout dans le parc. Il y aussi de nouveaux aménagements, un terrain de pétanque. On refait aussi tous les sentiers et on procédera à la plantation d’arbres, d’arbustes et de plantes vivaces. 

Le parc Raymond-Préfontaine est un parc d’une grande superficie et j’espère que les citoyens se l’approprient autant que le parc Lalancette.

Étant donné qu’on a un nouveau chalet, c’était important de venir bien l’asseoir dans le parc et de le mettre en valeur avec de beaux aménagements. On a consulté les organismes qui fréquentent le chalet pour savoir ce qu’ils aimeraient avoir autour. Ils souhaitaient avoir un terrain de pétanque.

Les travaux se termineront à l’automne, juste à temps pour en profiter pendant la belle saison des couleurs.

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