Martin Paquette : l'artisan du projet de mise en valeur du Carré NDV
Le Carré Notre-Dame-des-Victoires a fait l’objet d’un réaménagement complet ces deux dernières années. Le projet met en valeur le cœur du quartier dans le quadrilatère compris entre les rues Pierre-De Coubertin, Boileau, Louis-Veuillot et Dickson. Si vous n’êtes pas encore allé, ça vaut le détour !
Nous vous présentons aujourd’hui une entrevue avec Martin Paquette, architecte-paysagiste au Bureau de l’aménagement et des actifs immobiliers de l’arrondissement.
Bonjour Martin ! Comment te sens-tu quand tu regardes ce projet terminé ?
Il y a nécessairement un grand sentiment de fierté parce que ça a été un an et demi de ma vie. Suite à mon embauche à l’arrondissement, on m’a confié la réalisation de ce premier projet. On me disait que le délai était serré et de voir qu’on l’a terminé dans les temps me rend très fier.
De belles collaborations se sont créées, notamment avec les parties prenantes comme la fabrique de l’église, l’école primaire Notre-Dame-des-Victoires, le Centre de services scolaires de Montréal, les organismes du quartier, les fournisseurs de services de télécommunications, Énergir, Hydro-Québec, etc. On a travaillé beaucoup avec eux et on les a consultés à chaque étape de la conception.
En collaboration avec la Division des relations avec les citoyens et les communications, nous avons aussi organisé plusieurs activités de participation citoyenne pour consulter le voisinage, ce qui a permis de créer un lieu à son image. Lors de ces événements, j’ai eu la chance de discuter avec plusieurs citoyens et leurs idées ont vraiment bonifié le projet, notamment pour la sécurisation du terrain de jeu près de Dickson et l’aménagement des jeux d’eau.
C’est une première expérience pour toi à la Ville de Montréal ?
Oui ! Avant, j’étais à la Ville de Whitehorse au Yukon, où j’ai vécu pendant 20 ans.
Qu’est-ce qui t’a amené à déménager au Yukon pendant toutes ces années ?
J’avais 20 ans et il y avait beaucoup d’opportunités là-bas. Je suis géographe de formation, diplômé de l’UQÀM. En géographie, il faut ratisser large parce que c’est un profil plutôt méconnu. Pourtant, les géographes ont une vision macro intéressante. Dans le domaine de l’aménagement, il faut apprendre sur le terrain. C’est ce que je suis allé chercher à Whitehorse et j’ai eu des opportunités professionnelles incroyables. Des choses que je n’aurais pas fait en début de carrière, ce qui m’a permis de revenir avec le bagage professionnel que j’ai aujourd’hui. J’ai trouvé ça intéressant que l’arrondissement ait eu le courage d’engager un géographe pour le projet NDV car c’est un projet complexe qui touche à plusieurs domaines très spécialisés, dont le génie civil et l’électricité. Les qualités sociales et la perception globale que je peux avoir ont été des forces pour ce projet qui a nécessité beaucoup de coordination.
Es-tu originaire de Montréal ?
Oui, j’ai grandi à Pointe-aux-Trembles. Mon père travaillait tout près d’ici, au coin de Viau et Sherbrooke. C’est très drôle parce que j’ai découvert au début du projet que ma cousine travaillait à l’école primaire Notre-Dame-des-Victoires. On s’est croisés alors que j’allais rencontrer la directrice pour lui présenter les plans du projet. Quelle coïncidence ! Elle croyait que j’étais toujours au Yukon (rires !). J’ai vite développé un sentiment d’appartenance grâce à ce projet et je me suis senti rapidement à ma place.
Peux-tu me parler des défis rencontrés durant le projet ?
Le gros défi a été le contrôle des dépenses parce qu’on avait un budget serré. Donc au lieu de tout englober dans le contrat de l’entrepreneur, j’ai demandé aux équipes de la Ville de participer, par exemple, pour les plantations, l’installation du mobilier et du système électrique. L’entrepreneur a installé les conduits et les bases de lampadaires, mais les branchements, ce seront les électriciens de la Ville qui vont s’en occuper. Ça demande plus de coordination mais l’économie en valait le coup.
La collaboration avec une grosse machine comme Hydro-Québec a aussi été un défi. Par exemple, devant le presbytère, il y avait une chambre de transformateur souterraine qui faisait plusieurs mètres de diamètre. Ce fut compliqué d’avoir les autorisations pour l’enlever. Elle n’était plus utilisée mais Hydro-Québec désirait la conserver. Il a fallu argumenter fort, mais j’ai réussi à les convaincre de la retirer, ce qui nous a permis de créer un bassin de biorétention à cet endroit. Toutes les résidences en aval vont bénéficier de ce bassin parce que l’eau de pluie n’est plus acheminée à l’égout donc ça contribuera à éviter des inondations dans le futur.
D’autres beaux défis se sont présentés en cours de chantier. Par exemple, des interventions sur un égout en brique qui date de 1913, la présence d’une vieille conduite de gaz désaffectée ainsi qu’un bris de conduite d’eau sur la rue Dickson. On est aussi parvenu à retirer des poteaux de Bell et d’Hydro-Québec à l’intérieur du chantier, ça été tout un travail de coordonner ces travaux d’ingénierie. Maintenant, il n’y a plus aucun fil aérien, c’est bien plus joli!
Qu’en est-il de l’accessibilité du projet ?
Il a été conçu dans un grand souci ADS + qui a fait en sorte qu’on y retrouve de beaux aménagements, accessibles à tout le monde. Tous les seuils d’entrées du parc sont en béton, ce qui rend les interfaces entre la rue et le parc plus douces. On a adapté les pentes et on a planifié l’espace pour les chaises roulantes. On a des tables adaptées dans chaque parc et une troisième sera ajoutée un peu plus tard au printemps. L’objectif était d’offrir un espace et des services qui s’adressent à toutes et à tous.
Est-ce qu’on peut le qualifier le parc de parc résilient?
En effet, il s’agit bien d’un parc résilient. Il y a les trois bassins de biorétention, mais aussi des pavés drainants derrière l’église et en face des gradins. Cela nous permet de gérer toute l’eau de pluie du parc. C’est un autre bon coup et c’est assez expérimental, surtout dans des petits parcs comme ça, car on a des volumes d’eau importants à gérer. Il fallait trouver un équilibre entre l’esthétique, la gestion de l’eau et la sécurité.
Vous avez aussi travaillé sur la valorisation de l’église ?
Oui, la valorisation du bâtiment patrimonial a été importante dans ce projet. Bien que la Ville ne soit pas responsable de l’entretien du bâtiment, nous avons embelli le parvis de l’église en créant des jardins devant la clôture de fer forgé, en installant des pavés unis et en éclairant la magnifique façade. Le drainage derrière l’église a aussi été amélioré et des réparations ont eu lieu pour sécuriser l’interface avec le parc. Ce lieu a une histoire, le parvis a jadis été le noyau villageois du quartier et ce projet visait à le redonner aux citoyens.
Tu as une belle approche avec les gens Martin, tu es quelqu’un de très soucieux des autres ?
(rire!) Oui, c’est le propre des géographes je crois. On a une sensibilité particulière aux enjeux sociaux, environnementaux et à l’inclusion sociale.
On parle d’un quartier qui date de quelle année?
L’église a été construite en 1925. Tout autour, on y retrouvait des terres agricoles. Il y a des infrastructures qui datent du début du 20e siècle, même si le village a commencé à se constituer seulement dans les années 40-50.
Qu’est-ce qu’il reste à terminer pour compléter le projet ?
On doit terminer l’installation du système d’éclairage dans les prochaines semaines, nous sommes toujours en attente des cabinets électriques. Et 48 nouveaux arbres seront plantés par les équipes de la Ville au printemps.
Félicitations Martin, c’est un lieu magnifique !
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