10 questions à Fabien Deschênes, responsable technique

Mis à jour le 19 mai 2021
Temps de lecture : 3 min

En plus d’être un des piliers de la maison de la culture Janine-Sutto puisqu’il y travaille depuis sa construction en 1989, Fabien est responsable technique sur les lieux. À travers les années, il a su coordonner de main de maître les nombreux spectacles diffusés.

En quoi consiste ton métier?

Je suis responsable technique à la maison de la culture Janine-Sutto, ce qui correspond à être directeur technique partout ailleurs. Mes tâches sont variées et comprennent notamment un volet de coordination en fonction de la programmation, qui est établie plusieurs mois à l’avance. D’abord, je vérifie si les projets prévus par la programmation sont réalisables en termes d’espace et d’équipement, puis je communique avec le directeur technique de la compagnie artistique pour planifier divers éléments, par exemple en lien avec le décor ou l’équipe technique requise pour la sonorisation, la manutention et l’éclairage.

À quoi ressemble ta journée type lorsqu’il y a un spectacle?

À l’arrivée de l’équipe technique, j’ai en main le « plan de match » de toute la journée. Dépendamment de l’envergure du spectacle, soit je supervise le déroulement, soit je participe à l’installation. Ça peut inclure toutes sortes de tâches : déchargement du camion, accrochage des projecteurs selon le devis technique, montage du décor, supervision de la nacelle, sécurisation des coulisses, rééquilibrage de la sonorisation et de l’éclairage. À la fin du spectacle, tout doit être démonté.

Ça doit demander beaucoup de travail à chaque fois?

Oui, mais ce sont aussi les journées que je préfère. On part de zéro le matin et on réussit à créer toute une synergie entre l’équipe technique, les artistes et le public. Cette synergie, on la ressent quand le public applaudit, ça nous apporte beaucoup de reconnaissance. Il y a toute une fébrilité propre aux jours de diffusion. Et on boucle la boucle souvent en moins de 15 heures.

Qu’est-ce qui t’a attiré dans ce domaine?

J’ai commencé dans le domaine très tôt. Ma mère était directrice d’un centre culturel à Jonquière et, à 14 ans, je travaillais à l’entrée pour vérifier les billets, puis je courais dans la salle pour assister aux représentations. À force d’être dans les pattes du technicien de l’époque, il m’a montré quelques tâches et, comme j’adorais cela, j’ai commencé à l’aider. 

Cela a duré deux ans, le temps d’apprendre le fonctionnement de la salle. Lorsqu’il a dû quitter le poste, comme je connaissais déjà bien les ficelles, on m’a engagé comme directeur technique, même si je n’avais que 16 ans! Puis, j’ai complété ma technique en théâtre, au Collège Lionel-Groulx. 

Pourquoi avoir postulé à la maison de la culture Janine-Sutto?

Quand j’ai terminé l’école, l’un de mes professeurs a communiqué avec moi alors que la maison de la culture était en construction, en 1989. Il y avait obtenu un emploi d’agent culturel et c’est lui qui m’a mis en lien avec le directeur technique de l’époque, qui recrutait. Pour moi, il n’y a jamais eu d’hésitation et encore aujourd’hui, je n’ai aucun regret. C’est un métier difficile, mais je considère être vraiment bien tombé. J’adore mon travail, je suis le premier spectateur ici!

Vas-tu voir des spectacles ailleurs dans tes temps libres?

Non, jamais. Je suis comblé ici, car la programmation est tellement variée! C’est sûr qu’on ne reçoit pas des grandes vedettes comme Céline Dion ou Lady Gaga, mais je me sens bien rassasié avec toute la diversité qu’on offre : musique du monde, théâtre, danse… j’apprécie tout! Mais je dirais que j’ai un faible pour les petits groupes de jazz.

À quel spectacle es-tu le plus fier d’avoir contribué?

J’en compte des milliers à mon actif, alors je n’arrive pas à en nommer un en particulier. On dirait que plus c’est complexe au niveau technique, plus je suis fier d’avoir participé, parce qu’il y a eu tout un travail en amont. 

Te souviens-tu d’un fait marquant?

Il y a eu une période où la nudité était très présente en danse contemporaine, et notre clientèle régulière n’y était pas nécessairement préparée. Ça a créé de drôles de situations! Je me souviens d’un spectacle en particulier, une trilogie de Dave Saint-Pierre qui comportait beaucoup de nudité. Disons qu’à l’interne, la présence de 45 danseurs et danseuses sans vêtement agglutinés dans des toutes petites loges a fait sourire ou rougir plus d’un-e employé-e!

As-tu des contacts avec les citoyen-ne-s?

Bien qu’il y ait toute une équipe d’accueil à l’entrée, j’aime beaucoup prendre le temps de saluer le public, alors plusieurs personnes me connaissent. Avant les rénovations, la régie se trouvait parmi les sièges à l’arrière, donc quand les gens entraient ou quittaient, ils nous voyaient aux consoles et s’arrêtaient parfois pour nous féliciter. Aussi, lorsque la clientèle plus régulière vient chercher ses billets, il y a un bel échange. Une proximité qui me manque beaucoup, avec la pandémie.

Qu’est-ce qui distingue cette maison de la culture-ci d’une autre?

Je pense honnêtement que c’est l’une des meilleures. Non seulement c’est un lieu magnifique physiquement, mais l’acoustique est géniale, la programmation y est très riche et, surtout, on est très proche de la communauté. 

Ville-Marie constitue un pôle culturel hyper dynamique, et notre maison de la culture en est un élément extrêmement important . Ça fait plus de 30 ans que cette maison de la culture existe, elle a su faire sa place et cheminer, en même temps que moi. (rires)