10 questions à Martin Crépeau, conseiller en développement communautaire

Mis à jour le 21 avril 2024
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En 2021, une contribution de 1.4 million $ a été accordée aux projets de développement social sur le territoire de Ville-Marie. Martin a eu son rôle à jouer : c’est lui qui coordonne, met sur pied des comités de concertation et analyse certains dossiers déposés par les organismes communautaires.

En quoi consiste ton métier?

En tant que conseiller en développement communautaire, je travaille au financement, à l’accompagnement et au suivi des projets d’organismes à but non lucratif qui œuvrent sur le territoire de Ville-Marie. Je participe à un ensemble de dossiers qui portent sur plusieurs enjeux tels que la cohabitation dans l’espace public, l’accessibilité universelle, ou encore, la sécurité alimentaire.

Nous sommes deux à occuper un poste de conseiller-ère dans la Direction de la culture, des sports, des loisirs et du développement social. Ma collègue s’occupe généralement du secteur ouest de l’arrondissement, et moi, de l’est. L’équipe est complétée par une assistante en intervention en loisirs qui nous appuie dans nos différents dossiers.

Quelles sont tes tâches les plus courantes?

J’ai tout un volet au regard des dossiers de financement que les organismes déposent auprès de nous, soit dans le cadre d’appels à projet formels ou de façon spontanée. Je les analyse et j’émets des recommandations en fonction des besoins, des priorités et des fonds disponibles. Puis, il y a le volet accompagnement et suivi des initiatives provenant des organismes avec lesquels nous collaborons. Par exemple, dans le cadre de la politique municipale d’accessibilité universelle, il existe un plan d’action à réaliser dans l’arrondissement afin d’améliorer nos installations et les rendre accessibles aux personnes qui ont différentes limitations. 

De plus, certains projets demandent une plus grande proactivité et certains secteurs de l’arrondissement sont plus sensibles. Dans ces cas, je mets en place et je coordonne plusieurs comités de concertation qui rassemblent divers partenaires. Intervenantes et intervenants, SPVM, organismes environnementaux : ensemble, on unit nos forces pour essayer de trouver des solutions ou des manières de réduire les problématiques. 

Te déplaces-tu sur le terrain, parfois?

Lors de certains projets, je me rends sur le terrain pour m’assurer de leur bon déroulement. Par exemple, l’été, il y a souvent des ateliers sur l’agriculture urbaine à la serre Emily-De Witt, sur la rue Dufresne. J’y vais pour voir comment cela se passe, pour être en contact avec la communauté. Quand on finance un organisme ou une initiative, c’est très intéressant d’aller prendre le pouls du projet. On n’est pas des fonctionnaires dans notre tour d’ivoire, on aime être en contact avec nos partenaires!

Comment les organismes entrent-ils en communication avec toi?

De façon générale, nous formons un réseau qui se connaît, et donc, les organismes prennent contact avec moi grâce au bouche à oreille. Nous sommes très présents et visibles sur le terrain et, à force de siéger sur différentes tables de concertation, on se croise. Sinon, sur le site web de la Ville, on retrouve la marche à suivre pour remplir un formulaire de demande de soutien financier. Les organismes peuvent également s’adresser aux élu-e-s, ou encore, passer par le 311.

Quel est ton parcours?

J’ai d’abord obtenu une maîtrise en psychologie à l’Université de Sherbrooke pour devenir psychologue organisationnel, spécialisé en relations interculturelles. En sortant de l’école, j’ai obtenu mon premier emploi comme coordonnateur du service des ressources humaines dans un organisme œuvrant en sécurité alimentaire. Par la suite, j’ai travaillé auprès des jeunes au Carrefour Jeunesse Emploi Hochelaga-Maisonneuve, d’abord comme conseiller à l’emploi, puis comme agent de développement. C’est en 2009 que je suis entré à la Ville de Montréal, comme coordonnateur au Conseil jeunesse Montréal. En 2015, mon poste actuel à Ville-Marie s’est ouvert, et tout de suite, j’ai su que c’était une super occasion pour moi. 

Qu’est-ce que tu aimes le plus dans ton travail?

Mon équipe. Nous sommes trois en tout : ma collègue et moi, qui occupons la même fonction, et notre collègue assistante en intervention loisirs et développement social. Notre équipe est peut-être petite, mais elle est tissée serrée! De plus, ce n’est pas toujours évident de gérer des problématiques reliées au développement social, mais nous sommes toujours là pour nous entraider et pour nous encourager. Finalement, en travaillant avec autant d’organismes partenaires, j’ai le sentiment de contribuer à améliorer les conditions de vie dans mon arrondissement. C’est sûr qu’il y a toujours place à l’amélioration, mais il y a quand même beaucoup de choses qui sont faites, et ça, c’est très motivant.  

Y a-t-il un organisme qui t’impressionne beaucoup?

Je trouve la Coop Les Valoristes très intéressante en termes d’impact social. Elle récupère les contenants consignés et offre un bel accueil aux personnes qui rapportent leurs contenants, en plus de leur remettre directement le montant de la consigne. Une initiative qui joue beaucoup sur la dignité des gens et qui, selon moi, contribue à changer le regard qu’ont les citoyennes et les citoyens sur les personnes défavorisées.

Dans la même lignée, y a-t-il un projet auquel tu es particulièrement fier d’avoir contribué?

Je dirais qu’en termes d’impact sur la communauté, je suis fier de collaborer depuis 2016 au projet Notre quartier nourricier. Cette initiative vise à regrouper différents partenaires qui interviennent sur les enjeux de sécurité alimentaire. Le projet le plus visible de cette initiative est la serre Emily-De Witt. Dans la serre, la production alimentaire est faite par des jeunes stagiaires en situation d’affiliation sociale recruté-e-s par l’organisme Sentier Urbain.

Les produits de la serre sont par la suite vendus au marché solidaire Frontenac, ou donnés aux citoyennes et aux citoyens, ou encore, remis à une banque alimentaire. Je suis très attaché à ce projet compte tenu des impacts sociaux du projet, du fait que j’y travaille depuis mes débuts à l’arrondissement et qu’en plus, ce sont les équipes de Ville-Marie qui ont construit la serre.

Habites-tu dans Ville-Marie?

Non. Ce serait pratique dans le cadre de mon travail, car beaucoup de beaux projets se développent dans notre arrondissement. Mais, en n’étant pas résident, je ne peux pas voir les citoyennes et les citoyens y avoir recours au quotidien. J’essaie tout de même d’être présent lors des plus gros événements ou des projets de plus grande envergure.

Pourquoi les gens devraient-ils connaître ton métier?

Parce que, dans mon équipe, on s’assure vraiment que l’ensemble de la population puisse accéder aux services de l’arrondissement. À travers son implication, l’Arrondissement soutient la mise en place de projets qui répondent aux besoins variés de la population et on travaille à mobiliser la communauté pour qu’elle jouisse d’un meilleur milieu de vie. Je sens vraiment que mon métier contribue à changer les choses.