10 questions à Pedro Miranda-Zao et Eddy Urquilla-Lara, éboueurs dans les parcs
Vous faites un pique-nique dans un parc? Vous vous êtes débarrassé du petit cadeau odorant de Fido? Lors de la belle saison, c’est Eddy et Pedro qui vident les poubelles de tous les parcs du secteur à l’est de l’arrondissement. Ils nous partagent leur réalité.
En quoi consiste votre métier?
P : Je suis préposé aux travaux généraux et Eddy est chauffeur de véhicules motorisés classe 3. Nos tâches changent au courant des saisons et des besoins, mais nous sommes tous deux présentement assignés à la propreté dans les parcs. Nous faisons le tour des espaces verts dans l’est de l’arrondissement et nous vidons l’ensemble des poubelles qui s’y trouvent. Nous nous occupons également des entrées des stations de métros Frontenac, Papineau et Beaudry.
E : C’est un travail qui s’effectue en duo et qui demande beaucoup d’entraide, particulièrement pour les charges plus lourdes.
Faites-vous cela à l’année longue?
E : Puisque nos postes sont polyvalents, on peut se promener dans différentes équipes, mais les poubelles des parcs sont tout de même vidées toute l’année : il y a toujours une équipe de propreté qui travaille 24 heures sur 24 à Ville-Marie, même s’il ne s’agit pas nécessairement de nous. On peut également s’occuper de la tonte de pelouse et du transport du mobilier l’été, et se retrouver dans l’équipe de la voirie l’hiver.
P : C’est ce qu’on aime autant de notre travail : cela nous permet d’essayer toutes sortes de choses! Moi, cet hiver, j’étais chargé de l’entretien de la patinoire du parc du Mont-Royal. J’ai déjà aussi été responsable de la propreté sur le belvédère en camionnette : les poubelles et l’entretien, c’est un travail à l’année longue.
Depuis combien de temps êtes-vous à Ville-Marie?
E : Je suis arrivé en 2013 et, depuis, j’ai jonglé entre les équipes de la voirie et celles des parcs. Grâce à cela, j’ai reçu beaucoup de formations, j’ai pu conduire différents types de véhicules et explorer diverses tâches. Après chaque journée, je ressens un sentiment d’accomplissement.
P : Moi, j’ai intégré les équipes de Ville-Marie en 2015 et je suis d’accord avec ce qu’éprouve Eddy : le lot de défis que chaque saison apporte, combiné au fait que l’on travaille à l’extérieur, c’est le bonheur. On est bien traités, à la Ville!
Avez-vous reçu une formation particulière?
P : Chaque véhicule requiert son propre apprentissage, et nous recevons aussi des formations en continu, selon les tâches que l’on nous assigne.
E : De plus, chaque nouveau col bleu reçoit une formation générale très complète, qui comprend un volet important en santé et sécurité. On apprend également quels déchets on peut mettre dans le camion et lesquels, au contraire, sont interdits.
Comme quoi, par exemple?
E : Comme les pneus, qui sont des résidus domestiques dangereux. Quand on en voit un qui traîne dans le parc, on doit le laisser de côté, appuyé sur la poubelle, et appeler le contremaître de l’équipe qui s’occupe spécifiquement de cela à la voirie.
P : Même chose pour la peinture, qui pourrait contaminer les autres déchets.
Quel est le chemin du déchet ordinaire?
P : D’abord, on vide les paniers de parcs dans le camion. Au fur et à mesure, on compacte les déchets avec la pelle du camion afin d’éviter d’effectuer les allers et retours inutiles. Ainsi, seulement à la fin de la journée, nous revenons à la cour de voirie pour vider l’entièreté du camion dans un conteneur qui compacte le tout une dernière fois.
E : Le gros conteneur appartient à une compagnie privée, qui a son propre dépotoir. La compagnie récupère les conteneurs pleins et nous les échange contre des vides. Elle peut venir deux à trois fois par semaine, selon la période de l’année. Par exemple, en été, nous devons passer plus fréquemment en raison de la grande fréquentation des parcs.
Quels sont les secrets pour réussir une bonne collecte?
E : Connaître son secteur, savoir par où commencer et quels sont les points qui nécessitent le plus de passages.
P : De plus, on essaie de connaître à l’avance les endroits où se déroulent événements, fêtes et festivals, afin de prévoir notre parcours en conséquence.
Avez-vous des contacts avec les citoyennes et les citoyens?
P : À plusieurs reprises, on a reçu des remerciements après avoir nettoyé un parc.
E : Parfois, ce sont les gens qui habitent en face du parc qui sortent de chez eux pour nous exprimer leur satisfaction. Ça paraît que, tout comme nous, il y a des citoyennes et des citoyens qui ont vraiment la propreté à cœur.
Que préférez-vous dans votre travail?
P : Le fait d’être toujours à l’extérieur et d’avoir l’occasion de travailler avec beaucoup de collègues, d’utiliser divers types d’appareils et d’accomplir des tâches différentes. Ça me tient en forme et je me sens utile.
E : Moi, ce sont les journées où l’on travaille durant les événements spéciaux. Par exemple, lors du défilé du Père Noël ou de la parade Fierté Montréal, on se retrouve à la toute fin de la marche afin de nettoyer et de vider les poubelles, donc on y participe, en quelque sorte, tout en travaillant!
Y a-t-il un conseil que vous aimeriez donner à la population?
P : De ne jamais jeter leurs déchets domestiques dans les paniers de parcs. On comprend que, parfois, leurs poubelles peuvent déborder, mais pensez-y : si tout le monde se mettait à jeter ses ordures dans les paniers de parcs, on ne s’en sortirait pas. On passe plusieurs fois par jour, des équipes roulent jour et nuit, mais on a tout le secteur à sillonner!
E : De mon côté, j’aimerais rappeler aux gens l’importance de trier correctement leurs déchets. On est une ville verte et, oui, il y a encore du chemin à faire, mais je pense qu’on est sur la bonne voie. Trier ses déchets, entretenir son chez-soi, respecter les heures de collecte : ce serait un bon début.
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