12 questions à Jean Dussault, opérateur de la dameuse-traceuse sur le mont Royal
Depuis quatre ans, Jean trace les 22 kilomètres de pistes de ski de fond ainsi que les pentes de glisse sur le mont Royal. Au volant de sa dameuse-traceuse, il sillonne les sentiers de nuit et brave l’hiver afin de permettre aux gens de pratiquer leur loisir sportif dans les meilleures conditions.
En quoi consiste ton métier?
Je suis opérateur de véhicules de classe 3 dans l’équipe des parcs de Ville-Marie. Je conduis donc essentiellement des gros camions, des poids lourds. C’est assez ironique quand on pense qu’il y a quelques années seulement, je n’avais même pas mon permis de conduire!
Quels types d’appareils peux-tu conduire?
L’été, ce sont les véhicules pour arroser les bacs à fleurs, les arbres, ou encore les camions pour ramasser les poubelles dans les parcs. Les véhicules d’hiver comprennent l’épandeur à sel et le camion servant à l’arrosage des patinoires. Moi, je suis spécifiquement assigné aux pistes sur le mont Royal avec la dameuse-traceuse, de nuit.
Est-ce un travail de tous les soirs?
Oui, tous les soirs, on doit refaire les pistes. Moi, je travaille la fin de semaine, la période au cours de laquelle les pistes sont le plus utilisées. Quoiqu’en période hors COVID, la semaine est très populaire aussi, car il y a des écoles de ski de fond qui viennent en profiter.
Depuis combien de temps occupes-tu cet emploi?
Je suis à Ville-Marie depuis 2009, et c’est ma quatrième année à opérer la dameuse-traceuse. Avant, je m’occupais des patinoires de Ville-Marie. À l’aide du camion-arroseur avec la citerne, on passait dans tous les parcs.
Pourquoi la dameuse-traceuse doit-elle seulement passer la nuit?
D’abord, parce que le jour, il y a trop de monde. De plus, lorsque l’on trace les pistes, il faut que ça gèle. Autrement, au bout de quelques heures, la neige deviendrait trop molle et ça démolirait tout le travail. Durant la nuit, la neige se solidifie.
Combien de temps cela te prend-il?
Ça peut prendre de 10 à 12 heures, selon les conditions. C’est toujours changeant, et la météo y est pour beaucoup, car elle modifie la densité de la neige. Par exemple, s’il fait moins 20 degrés, on a l’impression d’être dans du sel et il faut donc repasser plusieurs fois. À l’inverse, si c’est trop chaud, la densité de la neige va changer aussi au soleil : le poids du véhicule va rentrer différemment dans la neige. Aujourd’hui, avec l’expérience, il ne me suffit que d’un coup d’œil par-dessus mon épaule pour savoir si j’aurai à repasser ou non.
Quel est le secret d’une bonne piste?
La damer plusieurs fois, c’est-à-dire tracer sans mettre de poids, pour que la neige soit le plus utilisable. Il faut repasser souvent, jusqu’à quatre fois s’il fait trop froid. Aussi, il faut toujours s’adapter à la neige. C’est tellement facile d’abîmer son propre travail, ça demande de la concentration. La vitesse joue un grand rôle aussi.
Ah oui? Quelle serait la vitesse idéale, alors?
Ça dépend des sentiers. En moyenne, c’est entre 10 et 15 km/h. Si tu vas trop vite, la neige n’a pas le temps de se placer. En résumé, il y a donc tout un amalgame entre la vitesse, la pression, la manœuvre du rouleau et la densité de la neige pour arriver à effectuer le travail correctement. Ça demande aussi beaucoup de patience, et il faut toujours regarder partout.
Combien y a-t-il de kilomètres de pistes?
Au total, on compte 22 kilomètres de pistes variées. On retrouve des parcours réguliers, des sous-bois, mais aussi des pistes pour le « pas de patin », qui sont beaucoup plus larges et ouvertes. Il faut aussi s’occuper des pentes de glisse. Mon compteur indique que ma distance moyenne atteint près de 80 kilomètres par jour.
As-tu un ordre dans ta tournée?
Habituellement, je respecte le même sens que les gens empruntent en ski de fond. Comme certaines pistes tournent, ça pourrait être dangereux autrement. Mais avec le couvre-feu, ça change tout! Je m’amuse : je les fais à l’envers, à l’endroit, j’alterne l’ordre pour les pentes de glisse… J’évite le plus possible la routine, j’en profite!
Avant le couvre-feu, croisais-tu beaucoup de gens sur ta route?
Ça dépendait des heures. Je croisais parfois des gens qui venaient s’entraîner à 10 heures du soir. À certains moments, je rencontrais des groupes qui trippaient un peu trop sur mon camion, c’en était problématique. Les gens étaient impressionnés et voulaient me suivre dans les pistes, mais marchaient sur mon travail… Je devais m’arrêter, je travaillais pour rien. Sinon, très tôt le matin, il y a des écoles de ski qui viennent, ou des gens qui désirent profiter des pistes à leur meilleur moment, c’est-à-dire lorsqu’elles sont fraîchement tracées.
Qu’est-ce qui est le plus important pour toi dans ton travail?
J’aime la montagne et je m’y sens impliqué. Moi, je veux que ce soit un parc « A-1 » pour que les gens puissent en profiter. J’aime voir une file de personnes qui attendent pour les glissades! Je suis content quand c’est plein et que les gens reviennent, je sens qu’il y a une appartenance à la montagne. Quand j’arrive travailler le samedi soir et que je vois qu’ils sont 35 à revenir du mont Royal, je trouve ça tellement cool, c’est vivant et ça me rend fier. Et juste ça, je trouve que c’est engageant. C’est pour cela que j’occupe ce travail!
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