7 questions à Jean Labelle, contremaître d’aqueduc

Mis à jour le 11 février 2021
Temps de lecture : 3 min

Jean roule sa bosse dans Ville-Marie depuis 22 ans. Au fil des années, le contremaître d’aqueduc s’est démarqué par sa débrouillardise sur le terrain et son dévouement au travail. C’est avec nostalgie qu’il quittera bientôt son équipe qu’il adore et dans laquelle il aura assurément laissé sa trace.

1. En quoi consiste ton métier?

Mon travail consiste d’abord à m’assurer que tout fonctionne bien sur le réseau d’aqueduc. Ça inclut la réparation des conduites d’aqueduc et des égouts, la planification, la supervision et le suivi du travail. Mon équipe d’excavation est constituée de sept personnes, et je dois veiller à ce que tous les membres respectent la sécurité, autant pour le port de l’équipement que pour la fermeture adéquate des conduites d’eau.

2. Quel parcours as-tu suivi? 

Ça fait 22 ans que je suis à Ville-Marie, dont cinq ans comme contremaître d’aqueduc. Auparavant, j’ai été contremaître répartiteur pour le déneigement et j’ai également donné de la formation. Par la suite, mon directeur m’a demandé d’aller former les nouveaux, à l’aqueduc. Puis, quand mon poste actuel s’est libéré, j’ai tout de suite posé ma candidature. Comme j’avais déjà travaillé à l’aqueduc à la fin des années 1980, je pensais que je « serais dans mes pantoufles », vu ma connaissance du domaine… mais j’ai eu une grosse surprise : tout avait changé! 

3. Qu’est-ce qui avait autant changé?

La tuyauterie n’est plus en plomb. La machinerie est différente aussi : avant, on procédait au marteau-piqueur et maintenant, on utilise davantage la « pépine » (pelle). Évidemment, les mesures sanitaires ne sont pas les mêmes non plus. Ça m’a posé tout un défi de devoir réapprendre tout ça!

4. En quoi travailler la fin de semaine diffère-t-il des quarts de semaine?

À Ville-Marie, ça roule : des équipes sont mobilisées en permanence pour faire des réparations. Nous, les fins de semaine, on s’occupe de tout ce qui est entretien ou fuite sur les artères principales, tout simplement parce qu’il y a moins d’achalandage qu’en semaine. Évidemment, les samedis et dimanches, on dispose de moins de soutien. On doit donc se débrouiller, par exemple s’il nous manque une pièce. Nos horaires sont également différents. De mon côté, je travaille les vendredis, samedis et dimanches, des quarts de plus de 12 heures par jour. Mais souvent, je dois prolonger mon quart de travail pour être en mesure de rendre l’accès à l’eau aux gros édifices.

5. Comment coupe-t-on l’eau dans les bâtiments?

Dans le centre-ville, c’est un peu particulier, parce qu’on a des grosses conduites et d’autres, plus secondaires, où la coupure d’eau nécessitera la distribution d’accroche-portes et d’avis aux citoyen-ne-s. Pour les gros édifices, je me rends en personne pour aviser la personne responsable, afin qu’elle prenne rendez-vous avec un plombier et fasse fermer les robinets à l’intérieur. Parfois, on ne réussit pas à fermer l’eau : il faut alors trouver pourquoi. Moi, je vais partout : j’adore me rendre dans les sous-sols d’édifices et mener l’enquête. Dans 90 % des urgences, c’est moi qu’on envoie. Quand c’est compliqué, c’est mon équipe, et c’est correct comme ça!

6. Pourquoi y a-t-il des bris?

Comme le réseau est ancien, les bris sont souvent reliés à des conduites trop vieilles, au froid, ou à un élément du circuit électrique qui pousse sur une conduite et qui finit par céder. La plupart des erreurs, elles, sont dues à des travaux effectués en se fiant à des plans qui n’ont pas été mis à jour. On a toutes sortes de plans et, souvent, il faut chercher dans les archives. Mais travailler sur un réseau comme celui de Montréal amène de belles surprises. On a trouvé plein de choses insolites enfouies dans le sol, comme des encriers, des ossements, des vieilles bouteilles… C’est assez spécial d’excaver dans Montréal, c’est un vrai musée, sous terre!

7. Qu’est-ce que tu aimes le plus de ton travail?

Faire du terrain, être avec « mon team ». Mon équipe a déjà compté 30 personnes dans le passé ; aujourd’hui, elle en compte sept, mais sept solides! J’aime aussi aller à l’intérieur des bâtiments quand il y a un problème, c’est plus fort que moi, je dois absolument en trouver la source. Tout cela me fait réaliser que j’ai un merveilleux métier. Je m’en vais bientôt parce que je peux me le permettre et que j’ai d’autres projets dans la mire, mais en tant que tel, je n’ai pas envie de m’en aller… Quand je pars et que je reviens travailler, je m’aperçois que ça m’a manqué. Mon équipe est vraiment importante pour moi!