Entrevue avec deux membres de l'équipe de déneigement de RDP-PAT

Mis à jour le 21 novembre 2022
Temps de lecture : 5 min

Ils sont près de 150 personnes à œuvrer sur les opérations de déneigement dans RDP-PAT. Au volant de leurs appareils, elles s’affairent à dégager nos routes et nos trottoirs pour faciliter nos déplacements. Entrevue avec deux membres de notre équipe de déneigement, Frank Russo et Maude Asselin.

Ils cumulent à deux près de 50 ans d’expérience. Maude est opératrice et travaille principalement au déneigement et à l’épandage des trottoirs, tandis que Frank, qui est à la fois un employé municipal et un citoyen de RDP-PAT, opère autant les souffleuses, les semi-remorques que les tracteurs-chargeurs. 

Décrivez-nous en quelques mots un quart de travail en hiver?

Frank:  Lors d’une journée de neige, je me prépare pour faire le déblaiement. Je commence par dégager les grandes artères pour que les gens soient capables d’aller au travail, puis, je continue mon parcours pour qu’au bout de quelques jours, toutes les rues soient dégagées. Si ce n’est pas une journée de précipitations, je charge les camions d’abrasifs en vue de l’épandage dans les rues pour faciliter les déplacements. Chaque quart de travail est d’une durée de neuf heures, mais lorsqu’il y a de la neige en continu, ça se prolonge jusqu’à 12 heures.

Maude:  De mon côté, je travaille à dégager les trottoirs. Chaque appareil a un parcours qui lui est attitré et je peux faire le mien deux fois en une journée, une fois en avant-midi, une fois en après-midi, selon les précipitations reçues ou s’il n’y a pas trop d’imprévus (trafic, conditions climatiques, etc.). À chaque quart de travail, mes collègues et moi donnons notre maximum parce que notre priorité, c’est vraiment que les gens puissent circuler aisément, autant sur la route que sur les trottoirs. S’il ne neige pas, je peux aussi être mobilisée avec la chenillette ou un camion afin d’aller épandre de l’abrasif sur les trottoirs.

Qu’est-ce qui vous anime dans votre métier?

Frank: J’aime être au cœur de l’action, je trouve ça stimulant! Je suis un peu comme un enfant, j’aime les gros appareils et  les camions. J’apprécie voir tout de suite le résultat du travail que j’accomplis  et  savoir qu’une personne peut se rendre à sa destination parce que mes confrères et consoeurs de travail et moi avons dégagé les routes et les trottoirs.

Maude: Pareillement! J’aime l’action, l’adrénaline… Que ce soit pour une opération de déblaiement ou de chargement, toutes les équipes sont rodées, tout le monde sait ce qu’il a à faire! C’est vraiment un beau travail d’équipe qui se réalise. Et quand, en plus, on a la collaboration et la compréhension des citoyens et citoyennes, c’est super!

Quel est votre plus grand défi lors des opérations de déneigement/chargement?

Frank: Je demeure à Rivière-des-Prairies, alors je connais très bien l’arrondissement. Notre priorité, quand on commence une opération, c’est de la terminer le plus rapidement possible pour que les déplacements  soient facilités. Ce n’est pas toujours facile de concilier les attentes de la population avec ce qui se passe sur le terrain. Par exemple, quand il y a une voiture qui est restée en place malgré l’interdiction de stationner, on doit la faire remorquer, ce qui ralenti les opérations. Plus il y a de voitures, plus ça nous retarde. Il y a aussi plein d’autres impondérables qui peuvent survenir et nous avons un gros territoire à desservir. En ce sens, je pense que c’est un défi de faire comprendre notre réalité à la population afin que celle-ci ait des attentes réalistes face au déneigement.

Maude: Le verglas représente un gros défi. Quand les rues ressemblent à un miroir, tu le sais que ça va être une grosse journée! Les conditions météorologiques sont de plus en plus changeantes et extrêmes et ce n’est pas facile de manœuvrer les appareils quand ça glisse au sol. Les jours de verglas, le monde est stressé au volant, les gens veulent se rendre au travail rapidement, alors ils nous suivent de près et ils veulent parfois même nous dépasser! Il faut que les gens comprennent que nous avons un travail à faire, que nous ne pouvons pas aller plus vite, parce que ce ne serait pas sécuritaire.

Frank: C’est la même chose pour les camions. Lorsqu’il y a du verglas, nous les remplissons de sel ou d’un mélange de sel et de roches. Ils sont alors très lourds, ce qui les rend encore plus glissants. Quand tu dois monter une côte dans ces conditions, il faut vraiment être vigilant… Des fois, j’ai chaud dans mon camion! (rires)

Est-ce qu’il vous est déjà arrivé une situation hors du commun durant vos opérations?

Frank: Il y a plusieurs années, je conduisais la souffleuse sur le boulevard Gouin lors d’une opération de chargement de la neige. Mon collègue, qui conduisait le camion, a avancé un peu trop vite et j’ai tenté de réaligner le canon de ma souffleuse pour que la neige atterrisse dans le camion… sauf que j’ai manqué mon coup et la neige a été projetée de l’autre côté de la rue, directement sur une voiture de police! J’ai trouvé ça cocasse, mais j’étais bien gêné!

Maude: En dessous de la neige, il y a parfois des surprises! 

Vous qui travaillez dans le déneigement depuis plusieurs années, est-ce que les choses ont changé depuis vos débuts?

Frank: J’ai commencé le métier en 1990. Avant, il y avait plus de neige qu’aujourd’hui. Les opérations de chargement duraient parfois une semaine. Aujourd’hui, on a terminé entre 3 et 5 jours. On doit toutefois composer avec plus de trafic qu’avant, plus de véhicules à remorquer, plus de pression également de la part de la population. Il y a plus de déneigeurs privés aussi et cela entraîne certains défis. Par exemple, si un déneigeur privé entasse la neige d’une entrée résidentielle de façon à obstruer le trottoir ou la rue, et ce, après que les équipes de la Ville soient passées, on reçoit des requêtes pour se faire reprocher de ne pas avoir bien fait notre travail, ce qui n’est pas le cas en réalité. Dans les faits, si les entrepreneurs privés ou la population disposaient de la neige comme il le faut, en laissant les rues et les trottoirs dégagés, tout le monde serait gagnant. 

Maude: J’ai commencé pour ma part en 2003. Les conditions météorologiques sont beaucoup plus changeantes qu’avant. On peut passer d’une opération de déblaiement à cause d’une grosse tempête de neige à une opération d’épandage d’urgence! La priorité : il faut que ça circule ! 

Est-ce que vous auriez un conseil à donner à la population pour cet hiver?

Frank: Le conseil que je donnerais à la population serait de garder leur distance. Nous avons de gros appareils! Même si nous avons des miroirs et que la plupart des véhicules ont des caméras de recul, nous avons des angles morts et  reculons fréquemment. Lorsque vous voyez nos camions dans une rue, merci d’être patients et de nous laisser de l’espace et du temps pour travailler. Empruntez un autre chemin, n’essayez pas de nous dépasser svp. Laissez-nous la priorité pour que l’on puisse vous donner un bon service.

Maude: Après un chargement de neige, les rues et trottoirs sont bien dégagés, donc les gens ont le réflexe de se stationner près du trottoir, comme en été. Toutefois, si les véhicules sont collés trop près, nos appareils ne pourront pas avoir suffisamment d’espace pour déblayer les trottoirs lors des prochaines chutes de neige. Parfois, les autos sont tellement collées que nos appareils accrochent accidentellement le miroir ou ne peuvent carrément pas passer! Donc, mon conseil est de garder en tout temps une bonne distance, d’au moins 30 cm avec la bordure du trottoir afin de nous permettre de circuler avec nos appareils et de faire notre travail.

Mot de la fin?

Frank et Maude : On aime notre travail, on le fait pour les citoyens et citoyennes et, croyez-nous, on le fait avec cœur, dans des conditions qui ne sont pas toujours faciles. Si nous sommes arrêtés, il y a une raison : on doit attendre qu’un autre appareil passe avant nous, ou on doit attendre un remorquage par exemple. N’ayez pas le jugement trop facile, demandez-nous! Nous sommes toujours contents de vous parler et d’expliquer notre métier. 

N’hésitez pas à nous saluer! Et à ceux et celles qui prennent le temps de nous remercier : sachez que ça nous fait toujours chaud au coeur et que ça met du soleil dans notre journée!