Le Plateau vu par... Renée-Eve Dionne, organisatrice communautaire
Chaque mois, nous partons à la découverte du Plateau à travers les yeux et les mots de celles et ceux qui l’animent. Ce mois-ci, Renée-Eve Dionne, organisatrice communautaire au CIUSSS CSMTL / CLSC du Plateau-Mont-Royal.
Nous rencontrons Renée-Eve dans la magnifique petite cour arrière du CLSC du Plateau, pleine de verdure et de végétation luxuriante. Renée-Ève est pétillante, engagée et enthousiaste, on le sent dès qu’on rencontre celle qui est organisatrice communautaire au CLSC du Plateau depuis 15 ans.
Elle a travaillé plusieurs dossiers, notamment le soutien aux familles et aux jeunes, la sécurité alimentaire et le logement. Aujourd’hui, son créneau, ce sont les personnes avec déficience intellectuelle et avec le trouble du spectre de l’autisme. « Je m’occupe aussi du dossier des jeunes adultes. Nous avons entamé une démarche avec les partenaires communautaires et les programmes et services pour aider cette clientèle particulière qui vit une période de transition importante », explique-t-elle.
Le cœur de l’engagement de l’organisatrice communautaire repose sur l’action collective. En reliant les organismes autour d’actions collectives, les organismes peuvent réussir à avoir un impact encore plus grand que la somme de chacune de leurs actions. Son rôle d’organisatrice communautaire lui permet de soutenir les organismes avec toutes leurs particularités et missions diverses et de travailler à augmenter l’impact de leurs actions sur le quartier et les populations vulnérables. Elle apprécie cette diversité des pratiques, de tabler sur le travail à long terme qui a un sens et qui finit par porter ses fruits. Elle cite en exemple de l’intervention de proximité dans les parcs auprès des jeunes durant la COVID ou encore de rencontres permettant les échanges sur les pratiques concernant les 18-30 ans, largement représentés dans le portrait populationnel du Plateau et qui sont souvent un peu laissés pour compte (accès au logement, santé mentale, transition vers la vie adulte, etc.).
Fine observatrice du Plateau-Mont-Royal, elle constate que les besoins ont changé au cours des dernières années et que le tissu social est en constante évolution. Itinérance, sécurité alimentaire, on a tendance à envisager l’arrondissement comme un quartier riche, mais la pauvreté est bien présente sur ce tout petit territoire accueillant plus de 105 000 personnes. « Les gens qui vivent de la pauvreté sur Le Plateau vont avoir tendance à la cacher et à avoir honte encore plus que dans d’autres quartiers où l’on ressent moins les écarts », constate Renée-Eve.
Renée-Eve est si animée par le soutien à la collectivité que vous verrez, cela se reflète dans les réponses à nos trois questions!
Le Plateau en un mot?
Mythique! Le Plateau est riche en histoire, tant au niveau politique, culturel que militant. Il y a deux sociétés d’histoire dans le quartier! Il y a Mémoire du Mile End et la Société d’histoire du Plateau. On a vraiment un passé très riche. Je trouve aussi qu’il y a eu beaucoup de phénomènes sociaux qui ont émergé du Plateau. Il y a eu des luttes citoyenne, des innovations et des mobilisations qui ont forgé l’arrondissement et en ont fait un terreau fertile d’action sociale qui va au-delà du quartier.
Un lieu de coup de cœur?
J’en ai trois et ils sont associés à trois femmes justement mythiques pour les motifs mentionnés dans la question précédente.
Le parc Hilda-Ramacière. Hilda Ramacière était une romancière qui a été militante et travailleuse communautaire et vraiment engagée dans le Comité logement et la clinique juridique. Et aujourd’hui, elle a un parc à son nom et une place commémorative au Centre de services communautaires du Monastère, là où beaucoup d’organismes communautaires du Plateau sont installés. Une salle porte aussi son nom dans l’édifice.
Le parc Lucia-Kowaluk. Lucia Kowaluk a cherché à préserver le patrimoine bâti, elle s’est occupée de la mise sur pied de coopératives d’habitation et a impulsé des initiatives à destination des personnes itinérantes. Elle a aussi contribué à fonder et faire évoluer des organismes comme la Coopérative d’habitation Milton Parc, le Centre d’écologie urbaine de Montréal et Héritage Montréal.
Claire Morissette est militante écologiste qui a promu l’utilisation du vélo en ville dans les années 1970. Elle a fondé aussi Cyclo Nord-Sud. Une piste cyclable porte son nom sur le boulevard de Maisonneuve, mais on peut aussi voir un vélo blanc en face de sa résidence où elle a longtemps vécu sur Le Plateau, avenue de l’Esplanade.
Un secret bien gardé?
J’ai choisi six femmes inspirantes que j’ai côtoyées au Plateau depuis mes débuts au CLSC. Elles ont laissé leurs marques chacune à leur façon et gagnent à être connu(e)s et reconnu(e)s.
Lorraine Decelles, de la Maison d’Aurore, qui s’est engagée particulièrement dans la vie de quartier et auprès des aîné(e)s.
Fulvia Spadari, qui fut coordonnatrice à Action Solidarité Grand Plateau, Table de quartier (aujourd’hui CDC Plateau-Mont-Royal) et qui a mené plusieurs luttes pour de meilleurs conditions de vie au Plateau et particulièrement pour l’accès au logement.
Lyne Périgny, qui a travaillé au Carrefour des Petits Soleils, en petite enfance, et qui a mobilisé les acteurs du milieu pour le mieux-être des familles.
Valentina Barbosa, du Centre d’action socio-communautaire de Montréal, qui s’est engagé dans le Mile End, plus particulièrement auprès des jeunes et de la communauté portugaise.
Michelle Duchesne, directrice durant de nombreuse années à Dîners St-Louis, travailleuse de l’ombre mais artisane importante au mieux-être des jeunes en situation d’itinérance.
Johanne Lambert, collègue si appréciée du CLSC, qui s’est investie dans le Mile End et au Plateau sur de nombreux enjeux, dont la participation à la fondation de Resto Plateau.
Merci Renée-Eve !
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