Des parcs métarmorphosés grâce à la permaculture
Les principes de permaculture sont de plus en plus utilisés dans les parcs de Ville-Marie. Keven Caron et Michel Charest, horticulteurs à l’arrondissement, font partie de l’équipe derrière ces métamorphoses.
Qu’est-ce que la permaculture?
La permaculture repose d’abord sur le principe de rendre le sol autosuffisant, en laissant la nature agir par elle-même et en intervenant le moins possible. De ce principe découlent plusieurs techniques, dont quelques-unes qui rappellent les méthodes d’il y a plus d’un siècle :
« Par exemple, pour favoriser la formation d’un humus riche et épais, les herbes indésirables sont déracinées mais laissées sur le sol, de façon à ce qu’elles se décomposent et ramènent à la terre les éléments nutritifs qu’elles y avaient puisés lors de leur croissance. Une façon simple de répliquer une partie de la forêt en ville! » explique Keven Caron, passionné des plantes qui fait de son balcon une véritable jungle.
La permaculture aux P.A.Q. #26 et #37
Parmi les parcs qui sont aménagés en suivant la technique de permaculture, on retrouve notamment le le P.A.Q.#26, dans le quadrilatère des rues Logan, Panet, de la Visitation et du boulevard De Maisonneuve Est, et P.A.Q.#37 (Programme d’Appropriation de quartier), à l’angle des rues Alexandre-DeSève et la Fontaine. La technique de permaculture la plus fréquemment utilisée à Ville-Marie? L’Hugelkultur, ou encore la culture autofertile en buttes. Cette technique originaire d’Allemagne consiste à planter les végétaux dans une série de monticules composés de matières en décomposition, disposées en couches, un peu comme une lasagne.
Bois mort, retailles de pelouse, feuilles mortes, terre et compost font partie des éléments que l’on retrouve dans les buttes du parc. Leur décomposition lente procure un sol frais et humide en permanence, diminuant non seulement les quantités d’eau, mais aussi l’engrais nécessaire. En effet, mis à part l’ajout de compost tous les deux ou trois ans, aucun entretien majeur n’est à prévoir dans le parc pour au moins la prochaine décennie.
Composer avec l’existant
La permaculture, c’est aussi s’adapter avec la nature qui se trouve déjà sur les lieux. S’il faut creuser, un périmètre sera installé autour des arbres afin d’éviter d’abîmer leurs racines ou de les étouffer avec de la terre. Pour travailler avec l’existant, les horticulteurs ont ajouté des vignes à celles qui couvraient déjà la clôture afin de créer un mur végétal. Afin de respecter l’emplacement des arbres matures qui ornent le parc, ils ont également opté pour une forme en zigzag pour y poser leur pavé… pavé qui, lui aussi, est pensé en termes de permaculture.
« Il est perméable, ce qui favorise l’irrigation. En dessous, on trouve environ 16 pouces de roches de toutes tailles, et aucun joint pour retenir quoi que ce soit. Comme ça, dès qu’il pleut, l’eau entre par les roches et se rend directement aux racines des végétaux. », affirme Michel Charest, qui constate une énorme différence au niveau des besoins d’arrosage du parc.
De nombreux bienfaits
Esthétiquement parlant, les parcs aménagés en permaculture sont généralement très populaires au sein de la population. En temps de canicule, ils deviennent carrément nécessaires puisque la végétation constitue un îlot de fraîcheur pour les humains comme pour les animaux, la différence de température pouvant aller jusqu’à 10 degrés.
Qui plus est, on peut remercier le principe de permaculture pour son apport dans l’écosystème. En effet, grâce à la variété de végétaux sélectionnés qui se succèdent dans les floraisons, les parcs aménagés selon le principe de permaculture créent des couloirs verts pour les pollinisateurs, qui peuvent y trouver leur nourriture.
Parlant d’insectes, ce n’est pas ça qui manque, dans les parcs en permaculture. Comme leur présence dans les parcs est utile pour enrichir le sol et éviter l’ajout d’engrais chimique, les menuisiers de Ville-Marie ont construit une véritable cabane à insectes. Bambous, argile, boue et planches de bois humides constituent un petit paradis pour nos amis rampants et volants.
Et les animaux, dans tout cela?
Eux aussi sont de la partie, quand on parle de permaculture. Écureuils, oiseaux et autres petites bêtes profitent également du beau décor, à la grande joie de nos horticulteurs.
« Tôt le matin, si on ferme nos yeux, on pourrait réellement se croire en forêt. C’est incroyable! », confie Michel qui chérit cet aspect du travail.
« Moi, j’adore les oiseaux : j’ai même une application qui détecte leur chant. Je peux vous dire qu’on n’a pas que des pigeons, ici », ajoute Keven en riant.
Ville-Marie, un arrondissement pionnier en permaculture
Précurseur en la matière, Ville-Marie est l’un des rares arrondissements qui, à ce jour, aménage des parcs selon les principes de permaculture. En moyenne, ce sont deux parcs qui sont repensés et refaits complètement chaque année en suivant ces techniques. Dans Sainte-Marie, les parcs Ernest-Ouimet, Victor-T.-Daubigny, Jean-Charbonneau, Judith-Jasmin, des Bourragans, P.A.Q.#37, P.A.Q.#26, Hector-Charland, Ville-de-la-Flèche, etc. ont connu cette transformation radicale.
L’espace vert à l’angle des rues Ontario Est et Florian vient également d’être bonifié par nos équipes d’horticulture avec de nombreuses plantes aménagées selon la technique de permaculture. On y retrouve, au milieu d’un chemin dallé, un espace de détente avec quelques bancs en gabion, un choix durable et perméable qui offre un abri aux petits insectes.
Les prochaines saisons estivales sont elles aussi prometteuses.
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