La plage de l'Est : un espace vert et bleu en milieu urbain à RDP-PAT

Mis à jour le 20 juin 2024
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La deuxième phase des travaux d’aménagement de la plage de l’Est, terminée en octobre 2020, est une étape concrète et significative dans la réalisation de ce projet d’envergure dans l’arrondissement de Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles, soit la première plage dans l’est de l’île de Montréal.

Située en bordure du fleuve Saint-Laurent dans le quartier de Pointe-aux-Trembles, à la jonction de la rivière des Prairies, la plage de l’Est est une porte d’entrée incroyable sur l’île de Montréal. Le site se veut un lieu rassembleur et animé, destiné à la pratique d’activités récréatives et qui donne un accès privilégié aux berges pour les citoyens de RDP-PAT et à tous les Montréalais.

Le terrain de 1,2 hectare comprend un pavillon de services avec toilettes et douches extérieures, deux terrains de volleyball de plage, une grande aire gazonnée, du mobilier urbain, une promenade de béton éclairée, une jetée composée d’acier et de bois qui s’amorce à proximité du pavillon et qui se prolonge vers le fleuve, un jeu d’eau intégré à la promenade de béton, un abri ouvert intégré à la jetée, ainsi qu’une plage de galets.

L’accès au fleuve est notamment possible pour pratiquer des activités nautiques, telles que canot et kayak, à partir de la plage de galets.

L’emplacement de la plage de l’Est est stratégique par sa proximité avec l’île Ste-Thérèse et son positionnement sur la Route bleue du Grand Montréal. Comme pôle touristique, la plage de l’Est donne à RDP-PAT un caractère distinctif et durable.

Historique du projet

L’idée d’une plage en bordure du fleuve Saint-Laurent, sur le site de l’ancienne marina Beaudoin, a germé en 2006, sous l’initiative citoyenne portée par la Zip Jacques-Cartier et la CDC de la Pointe, avec la participation des citoyens, de la Ville de Montréal et de l’Agence de la santé et des services sociaux de Montréal, dans le cadre du programme Quartiers 21.

Après un changement de zonage en parc et espace vert en 2011, c’est dans le cadre de son Plan bleu vert, en 2013que l’arrondissement a identifié l’aménagement de la plage de l’Est comme une des actions prioritaires. Ce plan vise à mettre en valeur le patrimoine naturel et paysager et à préserver les berges des deux plans d’eau qui bordent le territoire, le fleuve Saint-Laurent et la rivière des Prairies.

Quand pourra-t-on se baigner à la Plage de l’Est?

Question fort légitime que tout le monde se pose! La réponse courte est: pas à court terme. Pourquoi? Voilà une question qui nécessite toutefois une réponse longue, parce que l’histoire du projet de la Plage de l’Est n’est pas un long fleuve tranquille (désolé pour le jeu de mots). C’est plutôt une histoire pleine de rebondissements qui implique des sédiments contaminés, des raccords inversés et un poisson menacé. Nous gardons espoir, mais il s’agit d’un projet de longue haleine. Suivez le guide! 

Un projet ambitieux 

Le projet de la Plage de l’Est est né d’une volonté de la communauté de trouver un espace pour redonner aux citoyens de l’Est de Montréal un accès au fleuve et endroit de baignade, comme c’était le cas aux plages Bissonnette et Choquette à l’île Sainte-Thérèse, une activité si populaire dans les années 50. 

Le site de la plage de l’Est, qui accueillait autrefois la marina Beaudoin, a été arraché au développement résidentiel pour en faire un parc riverain en 2011. L’idée originale était ambitieuse et la vision a été arrêtée lors d’un concours de design urbain en 2013. On savait dès le départ qu’il y avait tout plein d’embuches. Rien d’insurmontable, toutefois. 

La qualité de l’eau d’abord 

On savait l’eau du fleuve à la hauteur de la plage de l’Est d’une qualité insuffisante pour la baignade. Notamment à cause de nombreux raccords inversés présents dans la Pointe de l’île. Les raccord inversés, c’est quoi? Ce sont des égouts pluviaux (eau de pluie) qui ont été inversés avec les égouts sanitaires (notre pipi-caca) lors de la construction de certaines résidences, si bien que l’eau de pluie se retrouve à la station d’épuration et l’eau souillée dans le fleuve. Pas très ragoûtant. 

Le temps de déployer le projet, l’arrondissement a toutefois investi et réalisé des travaux pour corriger ces raccords lorsqu’ils sont détectés. Depuis 2015, RDP-PAT a corrigé 170 raccords inversés. On a même déplacé une conduite pluviale pour la rediriger en aval de la plage. Des investissements de plusieurs centaines de milliers de dollars dans la qualité de l’eau du fleuve. Au final, la qualité de l’eau à la Plage de l’Est est variable et s’améliore, comme le montre les résultats ici: https://donnees.montreal.ca/dataset/rsma-qualite-de-l-eau-en-rive-qualo/resource/9a744523-a943-48d0-b63c-97615e6b4773 

La décontamination ensuite 

On savait également le site contaminé, autant sur la berge que les sédiments au fonds de l’eau. Sur la berge, c’est facile: les techniques de décontamination sont courantes et connues. Disons que c’est une problématique avec laquelle on est habitué de composer dans l’Est de Montréal. C’est pourquoi nous avons commencé par décontaminer les berges, ce qui a permis l’aménagement actuel de la plage de l’Est. D’ailleurs, des fouilles archéologiques ont été réalisées et le site s’est révélé très riche en vestiges de passage des peuples autochtones à cet endroit. En ce moment, visuellement, le site sur la berge est 100% complété depuis les travaux de 2021 et il s’agit d’un des plus beaux parcs riverains de l’arrondissement. Pour la décontamination du fonds de l’eau, par contre, c’est une toute autre histoire… 

Comment décontaminer le fond de l’eau? Vu la complexité, des appels d’offres pour des services professionnels sont restés sans soumissionnaires. L’expertise est difficile à trouver. 

Mais c’est un petit poisson qui est vraiment venu retarder cette toute dernière étape fatidique pour permettre la baignade, et empêche également l’installation d’un quai. 

La Pointe de l’île au complet est considérée comme étant propice à l’habitat du Chevalier cuivré, à cause de la présence importante d’herbiers aquatiques dans le littoral. Il s’agit un poisson dont l’habitat a été passablement détruit dans les dernières décennies avec la dénaturalisation des berges.

Un poisson et son armure

Le 6 mai 2021, le gouvernement fédéral a signé un décret pour protéger l’habitat du Chevalier cuivré de toute perturbation au Canada. Cette date a marqué un tournant dans le projet de la plage de l’Est venant vraiment compliquer les choses. De nouvelles études sont devenues nécessaires, et même si le Chevalier cuivré n’a pas été observé sur le site, les relevés montrent que la plage de l’Est abrite des herbiers où il peut se nourrir. À la lumière de ces résultats, l’Arrondissement a essuyé un premier refus du gouvernement fédéral pour installer un quai pour faciliter la location de petites embarcations (canots, kayaks). Le gouvernement nous a également écrit craindre que le projet de décontamination de la plage, pour permettre la baignade, vienne perturber l’habitat et ne pourrait pas l’autoriser. 

Or, nous croyons fermement que la décontamination de ce site serait en fait une bonne nouvelle pour le Chevalier cuivré. On viendrait réhabiliter son habitat. Nous devons réaliser les études pour le démontrer au gouvernement fédéral. Ce processus pourrait durer des mois, voire des années, mais on ne perd pas espoir car nous sommes convaincus de notre démarche et de la pertinence de ce projet tant au niveau environnemental que social. 

Une collaboration avec Espace pour la vie 

À l’hiver 2023-2024, nous avons établi un partenariat avec Espace pour la vie et les experts du Biodôme de Montréal afin de mettre en œuvre un projet novateur qui permettrait de décontaminer l’habitat du Chevalier cuivré et favoriserait une possible cohabitation entre le poisson et la baignade. Des chercheurs d’Espace pour la vie spécialistes des poissons et des plantes aquatiques seront mis à contribution.

Fouilles archéologiques

Par son emplacement et son accès à l’eau, le site était considéré comme un lieu de prédilection pour le passage des peuples circulant sur le fleuve Saint-Laurent. Des recherches effectuées sur la partie sud-ouest du site, à l’été 2020, jumelées à celles de 2017 et 2019, ont permis aux archéologues de découvrir quelque 12 000 artéfacts, dont 500 outils (flèches, grattoirs, etc.), des tessons, et divers témoins d’activités de préparation de peau, de chasse et de pêche, provenant de lieu aussi loin que l’État de New York ou du New Hampshire.

À la lumière de ces trouvailles, on note la fréquentation sporadique, mais temporaire de ce site sur une longue période, allant de 400 av. J.-C. à 1500 après J.-C. Il y a peu de sites archéologiques préhistoriques recensés de l’envergure de cette découverte à Montréal, et encore moins à l’extrémité de l’île, en termes de superficie et de richesse artéfactuelle.

Les artéfacts trouvés peuvent être observés à la Réserve des collections de la Ville de Montréal.

Concours de design

Ce projet a fait l’objet d’un concours de design, lancé en 2013, en collaboration avec le Bureau du design de la Ville de Montréal. Ce concours visait la réalisation d’un concept de plage remarquable pour l’arrondissement. 

Au total, 36 concepts ont été déposés et analysés selon des critères d’’innovation, des matériaux et formes proposés, le paysage, l’environnement, l’intégration du projet dans son milieu et l’accessibilité. En janvier 2014, RDP-PAT annonçait le concept ayant retenu l’attention, celui de Ruccolo + Faubert Architectes & Ni conception architecture de paysage, combinant l’accessibilité universelle, le développement durable et le bien-être, ainsi qu’un lien privilégié entre le visiteur et le fleuve.

Partenaires financiers

Les travaux d’aménagement de la plage de l’Est ont été réalisés au coût de 7,3 M$, dont 3,4 M$ proviennent, à parts égales, du gouvernement du Québec et de la Communauté métropolitaine de Montréal dans le cadre du Programme Trame verte et bleue du Grand Montréal et une somme de 450 000 $ est issue du Programme de mise en valeur d’Hydro-Québec.



L’arrondissement a aussi bénéficié de l’aide financière du ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques(MELCC) dans le cadre du programme Climatsol, pour la réhabilitation environnementale d’une partie du site.

Revitaliser l’Est de Montréal

Le projet de la plage de l’Est s’inscrit dans la foulée de la Déclaration du gouvernement du Québec et de la Ville de Montréal pour revitaliser l’Est de Montréal. De nombreux projets sont en cours pour donner une nouvelle impulsion à ce secteur. L’accroissement de la mobilité, le développement économique et l’amélioration des milieux de vie des citoyens sont au cœur de cet ambitieux chantier. Pour en savoir plus, consultez Québec.ca/RevitalisationEstMontreal.

Le projet de la plage de l’Est a toujours été pensé comme un projet de développement durable, à forte valeur écologique. Nous avons verdi et aménagé le site afin de revaloriser ce milieu naturel et en faire profiter nos citoyens et citoyennes. L’accès à l’eau, c’est l’aboutissement ultime de toutes nos démarches. Nous avons toujours dit que nous étions très ouverts aux formes d’aménagements ou de compensations de tous types pour que l’on puisse assurer la protection de l’espèce, qui est importante pour nous. Et c’est là que nous avons eu l’idée : pourquoi ne pas transformer la plage de l’Est en site de recherche pour le Chevalier cuivré ? En s’associant avec Espace pour la vie, nous pouvons penser à des solutions en dehors de la boîte pour renaturaliser ce milieu naturel au potentiel extraordinaire!