Pourquoi aménager un pré fleuri dans les parcs de RDP-PAT?

Mis à jour le 15 mai 2023
Temps de lecture : 4 min

Dans l’aménagement de certains parcs, Rivière-des-Prairies-Pointe-aux-Trembles a fait le choix de se tourner vers l’implantation de prés fleuris et la pratique de la tonte différenciée.

Qu’est-ce qu’un pré fleuri ?

Les prés fleuris (ou prairies fleuries) sont composés, plus ou moins à part égale, de plantes à fleurs mais aussi de graminées (que l’on appelle communément de l’herbe ou du foin).  La diversité végétale et structurale des prés fleuris offre des lieux de reproduction, d’alimentation et des abris pour la faune.

Un aménagement esthétique et écologique!

À leur plein potentiel, les prés fleuris peuvent offrir jusqu’à 6 mois de floraison dans l’année. Il s’agit d’un choix d’aménagement avantageux car en plus d’attirer les pollinisateurs, les prés fleuris constituent un écosystème naturel et durable, qui nécessite moins d’arrosage et de fertilisant qu’une pelouse. Le nombre de fauches doit être réduit pour laisser libre cours à la floraison spontanée. En effet, il faut laisser aux végétaux le temps nécessaire pour produire des fleurs ou des épis et, conséquemment, des graines qui leur permettront de se ressemer ailleurs et ainsi, de bonifier la trame végétale du parc. Bref, l’aménagement de prés fleuris permet d’assurer une meilleure efficience des interventions humaines en plus d’engendrer des économies d’eau et de carburant (moins de déplacements, moins de tondeuse), contribuant ainsi à la réduction des effets de serre.

Les prés fleuris du parc de la Traversée

Plusieurs l’ont deviné, ce n’est pas du gazon qui a été ensemencé le long des 4.25 km du parc de la Traversée, mais bien des prés fleuris! Cette orientation a été prise par le comité de citoyen qui a accompagné l’arrondissement dans la mise en oeuvre du parc de la Traversée, dans un souci environnemental et de biodiversité. La concept d’aménagement a quant à lui été peaufiné par une équipe d’architectes de paysage de chez WAA+.

Au total, 4 mélanges recréeront 4 ambiances tout au long du parcours.

  1. Mélange couleurs froides (dans les tons de bleus)
  2. Mélange pour les monarques (conçu pour maintenir et bonifier l’habitat du célèbre papillon et de sa chenille)
  3. Mélange ultra-pollinisation
  4. Mélange couleurs chaudes (dans les tons de rouges)

C’est près d’une cinquantaine d’espèces végétales, annuelles ou vivaces qui, ont été semées dans le parc dont un nombre significatif de plantes indigènes.

Parmi les plantes à fleurs, on retrouvera, dès cet été, des annuelles qui feront la joie des abeilles comme le cosmos, la bourrache, la phacélie, le trèfle incarnat ou encore la centaurée. Au fil du temps, des vivaces apparaîtront comme la monarde, le solidage, l’aster, l’échinacée ou encore le tournesol vivace et s’implanteront à travers les graminées indigènes comme le barbon de Gérard ou l’élyme du Canada.

Patience pour voir le résultat final!

Cela dit, l’implantation d’une prairie fleurie est un processus qui peut prendre du temps et qui s’étale sur plusieurs années. Il faut faire preuve de patience pour que la trame végétale atteigne son plein potentiel. C’est un milieu dynamique, en constante évolution. Plusieurs espèces de vivaces émergeront seulement l’année prochaine (et ne fleuriront qu’après deux ans). La première année, c’est surtout les annuelles (plantes à fleur et graminées) qui vont fleurir. Il est tout à fait normal que le semis semble dégarni/clairsemé et que le sol soit encore visible. Plusieurs végétaux n’ont simplement pas encore eu assez de temps pour s’établir (surtout en début de saison). 

Autre fait à souligner, afin d’éviter la prolifération d’espèces nuisibles dans certaines sections du parc, on a procédé à l’introduction de «plantes abris». Il s’agit d’espèces de graminées annuelles, comme l’avoine ou l’ivraie, qui ont une croissance rapide et une courte durée de vie.  Elles occuperont rapidement le sol ce qui limitera la prolifération des indésirables.

Durant les premières années suivant l’ensemencement, c’est l’entrepreneur en charge du projet qui sera responsable de l’entretien du parc et qui assurera une partie du désherbage.Par ailleurs, l’arrondissement pourrait demander à ce dernier d’effectuer des correctifs au cours des premières années du projet afin de s’assurer que la trame végétale évolue dans la direction souhaitée.

Des prés fleuris : des strates de mauvaises herbes qui causent des allergies?

Pas du tout! Certaines plantes sont perçues, à tort, comme des mauvaises herbes mais elles sont loin d’être indésirables ou nuisibles !  Elles ont été introduites délibérément dans la trame du parc de la traversée pour leur intérêt pour la biodiversité. C’est le cas, par exemple, de l’asclépiade, qu’on retrouve dans le parc de la Traversée et qui est absolument essentielle à la reproduction des monarques.  Les allergies saisonnières sont principalement causées par l’herbe à poux (75 % selon le gouvernement du Québec) Cette plante fera l’objet de surveillance et d’intervention ciblée. Ceci dit, une des meilleures façon de lutter contre sa propagation est de planter une diversité de végétaux qui lui feront concurrence. Au fur et à mesure que le pré fleuri prendra de la vigueur, la présence de l’herbe à poux se fera de moins en moins sentir.

Vers une gestion plus écologique des parcs et espaces verts

Il est vrai : un pré fleuri ne ressemble pas à un arrangement floral structuré comme il est à notre habitude de voir dans les aménagements. Un pré fleuri a plutôt un aspect sauvage, voire romantique. La nature faisant bien les choses, ils n’en sont pas moins déplaisant à regarder! Tout comme les aménagements paysagers dits traditionnels, créer un pré fleuri demande une préparation en amont, notamment dans la sélection des espèces qui la composeront. Il s’agit simplement d’une nouvelle vision de penser, de réaliser et d’entretenir les aménagements paysagers sur certaines portions du territoire.

Depuis les dernières années, la tendance est à la mise en place de techniques d’entretien respectueuses de l’environnement visant à assurer l’efficience des interventions humaines dans un souci de protection de l’environnement et de la biodiversité. Que ce soit par la gestion différenciée (aussi appelée renaturalisation), le choix d’espèces végétales indigènes dans les aménagements ou autres, plusieurs municipalités modifient leur approche en matière d’entretien.

RDP-PAT a d’ailleurs déjà entamé lui aussi ce virage. Avec le choix réfléchi de se tourner vers des prés fleuris, comme au parc de la Traversée et au parc Honoré-Primeau, et le désir d’agir en cohérence avec sa politique d’agriculture urbaine, il est à prévoir que d’autres prés fleuris verront le jour sur le territoire.

Un autre exemple : le parc Honoré-Primeau

Le parc Honoré-Primeau est l'un des premiers parcs a avoir fait l'objet d'une gestion différenciée.

Après avoir recréé un petit boisé urbain en plantant quelque 110 arbres au parc Honoré-Primeau au début de l’été 2022, l’arrondissement travaille maintenant à la formation du sous-bois, c’est-à-dire le couvert végétal au pied des arbres. Le sous-bois est d’une grande importance pour la diversité de l’écosystème. Pour la création du sous-bois dans ce parc, on a procédé à un ensemencement avec du trèfle pour une bonne partie du site. Des anémones du Canada ont aussi été implantées. L’objectif est de permettre l’implantation, d’ici quelques temps, d’un sous-bois composé de plantes indigènes qui viendront agir positivement et progressivement en améliorant la biodiversité des lieux.  La tonte différenciée sera pratiquée dans ce parc pour permettre la pérennité du nouveau boisé.