Montréal se mobilise pour lutter contre l’agrile du frêne

Mis à jour le 22 octobre 2021
Temps de lecture : 3 min

Montréal déploie des efforts importants pour réduire les impacts de l’agrile du frêne sur sa forêt urbaine. Les interventions consistent à traiter les frênes sains, à abattre les frênes dépérissants ou morts et à les remplacer par de nouvelles plantations.

Comment Montréal protège ses frênes

La stratégie de lutte contre l’agrile du frêne mise en place par Montréal vise à limiter et à retarder le plus possible la mortalité des frênes. Grâce à nos interventions, beaucoup de frênes sont toujours en bonne santé. Aussi, nous remplaçons rapidement les frênes abattus pour récupérer le couvert arboricole (canopée) perdu.

Dans les rues et les zones aménagées

Dans les rues et la partie aménagée des parcs, nous traitons les frênes sains et nous abattons les frênes dépérissants ou morts.

À ce jour, les traitements ont permis de conserver près de 50 000 frênes.

Nous utilisons un insecticide à base d’azadirachtine, un produit avec une faible toxicité pour l’environnement et sans danger pour la santé humaine. Le traitement est reconduit tous les 2 ans, entre le début juin et la fin août. Des points de couleur verts et bleus appliqués sur les frênes permettent d’identifier les arbres traités les années paires et impaires, respectivement.

Dans les rues et dans les parcs locaux, la mortalité des frênes traités est relativement faible. Nous concentrons maintenant nos efforts dans les milieux boisés, notamment dans les grands parcs et les parcs-nature.

Dans les boisés

Une stratégie différente est appliquée. Elle consiste à protéger la forêt et non chacun des arbres individuellement.

Les frênes sont des arbres de transition : ils cèdent naturellement leur place à d’autres essences d’arbres à mesure que la forêt vieillit.

Après la mort des frênes, l’espace laissé disponible est rapidement comblé par les arbres voisins ou par la croissance des jeunes pousses au sol (gaules), qu’on appelle la régénération. La canopée n’est donc jamais perdue dans ces milieux. Lorsqu’une trouée importante est dépourvue de régénération, nous plantons des arbres et des arbustes indigènes pour aider le couvert forestier à se refermer.

Nous abattons les frênes morts en bordure des boisés et dans les sentiers qui les traversent pour assurer la sécurité des randonneurs. Les autres frênes morts, plus au centre, ne sont pas abattus. Ils céderont leur place à la croissance des arbres voisins.

Diversifier les essences d’arbre

Nous diversifions les essences d’arbres que nous plantons dans les rues et dans les parcs pour rendre la forêt urbaine plus résiliente aux maladies et à des attaques de ravageurs comme l’agrile. Notre palette végétale compte 178 espèces et variétés différentes adaptées aux conditions de croissances urbaines.

Lutte biologique contre l’agrile du frêne

Depuis 2015, Montréal collabore avec les gouvernements américain et canadien afin d’implanter des populations de parasitoïdes en milieux boisés : de minuscules guêpes qui s’attaquent à l’agrile à des stades spécifiques. Ces ennemis naturels sont sans danger pour les humains et représentent un risque très faible pour les espèces animales indigènes.

Cette méthode a été utilisée au Jardin botanique, au parc-nature du Bois-de-Liesse et sur le sommet Westmount du mont Royal, au cours des dernières années. Les résultats démontrent que les parasitoïdes s’établissent bien sur le territoire et se dispersent naturellement. Ils représentent un espoir pour les générations futures de frênes dans les milieux boisés.

Essai d’un champignon contre l’agrile

Plusieurs essais expérimentaux ont été conduits au cours des dernières années avec un autre dispositif de lutte biologique. Il s’agit d’un piège en forme d’entonnoir. Les agriles capturés peuvent s’en échapper couverts de spores d’un champignon qui les tuera quelques jours plus tard. Avant de mourir, les agriles contaminés auront le temps de transmettre le champignon à plusieurs de leurs congénères, ce qui les élimera à leur tour.

Bien que les résultats soient prometteurs, le produit n’est pas encore homologué au Canada, ni commercialisé pour être utilisé à grande échelle.

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