Préserver la biodiversité en ville

Mis à jour le 16 décembre 2022
Temps de lecture : 6 min

L’arrondissement de Ville-Marie est connu pour sa densité urbaine. Cette caractéristique, bien qu’attractive, pose un défi quant à la préservation de la biodiversité. À l’occasion de la COP15, nous vous présentons quelques-uns des projets mis en place et à venir pour verdir ce territoire unique!

De grands projets pour 2023 en matière de biodiversité 

Les différentes pratiques de verdissement, de déminéralisation et d’aménagements comestibles se poursuivront à travers l’arrondissement - leur efficacité pour la biodiversité est évidente! Mais l’équipe planche sur de nouvelles idées pour poursuivre les efforts en 2023. Voici un petit aperçu des projets en développement.

Une première microforêt à Ville-Marie 

Le territoire de l’arrondissement étant plutôt urbain et très dense, il n’est pas particulièrement facile de trouver un terrain pouvant accueillir une microforêt. Qu’à cela ne tienne, l’équipe des parcs et de l’horticulture croit bien avoir trouvé un bon candidat : le parc des Faubourgs. La facilité à travailler le sol sera testée pour délimiter l’emplacement exact idéal de cette microforêt, qui sera composée d’une quantité dense d’essences forestières indigènes qui sont rares dans l’arrondissement mais qui ont tout ce qu’il faut pour s’adapter à notre climat et à ses particularités. Grâce à cette microforêt, la biodiversité sera protégée à plusieurs niveaux. En plus de la purification de l’air et de la réduction d’îlot de chaleur, les oiseaux, les mammifères et les insectes pollinisateurs pourront s’y réfugier pour se mettre à l’abri, pour se nourrir et pour se reproduire! 

Gestion différenciée des espaces verts

Testée dans les derniers mois, cette pratique sera appliquée graduellement à tous les espaces verts sans terrain sportif de l’arrondissement. Mais que veut-on dire par « gestion différenciée »? Essentiellement, ça consiste à réduire les interventions dans certaines zones pour tenir compte des besoins des plantes et de l’utilisation faite de l’espace. Concrètement, ça se passe à trois niveaux : choisir des essences locales qui s’adaptent à notre sol et à notre climat, donner libre cours à leur floraison et espacer les tontes de gazon pour favoriser une végétation riche, qui attirera, entre autres, papillons et oiseaux. Résultat : un espace vert en santé et équilibré qui offre une meilleure résistance à la sécheresse et aux insectes ravageurs grâce à la diversité de sa faune et de sa flore. Ces « jardins libres » offriront des spectacles visuels uniques!

Le verdissement vertical 

Il n’y a pas que le sol qui peut être enrichi de plantes, les murs aussi! En effet, le verdissement vertical regorge de bienfaits pour la biodiversité. Les plantes d’un mur végétal filtrent les poussières de l’air et transforment le CO2 en oxygène. Elles combattent aussi les îlots de chaleur urbains en créant un microclimat qui abaisse significativement la température de la structure qu’elles recouvrent. Et en plus d’augmenter la biodiversité végétale, ces plantes attirent aussi la faune, de par ses petits fruits comestibles et les cachettes qu’offrent le feuillage. 

Où pourra-t-on admirer ces installations végétales en hauteur? Il y a présentement quatre projets en développement. D’abord, un mur végétal sera érigé à l’entrée des nouveaux locaux du Bureau Accès Montréal. L’équipe des parcs et de l’horticulture travaille également sur un mur autoportant, qui serait déplacé au cours de l’été dans des endroits moins végétalisés pour soutenir les pollinisateurs, dont le travail est si important. Un projet de verdissement se planifie sur la rue Ontario Est, où des tests d’aménagements et de structures seront menés pour favoriser la pousse verticale. Restez à l’affût pour en connaître davantage au cours des prochains mois! 

Enfin, le quatrième projet pourra être admiré dès le printemps prochain. Au viaduc Berri, trois vignes indigènes ont été plantées cet automne. Choisies pour leur capacité à supporter les conditions de la ville et pour la combinaison de leurs feuillages, ces vignes pousseront rapidement et s’entremêleront pour offrir un paysage qui évoluera au fil des saisons, mélangeant le vert, le jaune, l’orangé et le rouge!

La préservation du vivant chez soi

La biodiversité repose sur la collaboration des différentes espèces de la nature. À l’échelle humaine, le principe s’applique également dans la mesure où pour générer un impact positif durable, tout le monde doit mettre la main à la pâte.

Les ruelles vertes

Un exemple concret de ce travail d’équipe réside dans les projets de ruelles vertes. En 2022, pas moins de cinq ruelles ont subi une cure de verdissement grâce au travail d’équipe des citoyennes et citoyens, des éco-quartiers et de l’Arrondissement : 

  • la ruelle McTavish, entre les rues McTavish, Peel et Sherbrooke Ouest, et l’avenue du Docteur-Penfield 
  • la ruelle entre les rues Panet, Plessis, Sherbrooke Est et Ontario Est 
  • la ruelle Saint-Alexis, entre les adresses 470 et 474, rue Saint-Alexis
  • la ruelle entre les rues Wurtele, Sherbrooke Est, Hochelaga et le chemin de fer la ruelle entre le boulevard De Maisonneuve Est, et les rues Sainte-Catherine Est, Frontenac et D’Iberville 



Cette collaboration s’enclenche dès qu’un projet de ruelle verte est approuvé par l’Arrondissement. Dès lors, les équipes des travaux publics s’occupent de l’excavation des fosses de plantation ainsi que de la fabrication des bacs de plantation (en frêne recyclé) et de leur livraison. Ensuite, le comité citoyen à la tête du projet et l’éco-quartier du secteur prennent en charge la plantation des végétaux. Et voilà! Une ruelle verte est ainsi créée! 

Ce type de projet favorise la biodiversité à plusieurs niveaux : 

  • une surface de la ruelle sélectionnée est déminéralisée pour créer un ou des espaces verts; 
  • des plantes, indigènes ou vivaces, composent les plates-bandes ou les bacs, ce qui crée un environnement favorable aux pollinisateurs; 
  • des arbres ou arbustes peuvent également s’ajouter à la flore, augmentant du même coup la canopée. 



Créant ainsi un milieu de vie harmonieux, ce type d’aménagement apaise, et même parfois bloque, la circulation automobile, ce qui réduit la pollution ambiante et sonore de la ruelle, en plus de transformer un îlot de chaleur en îlot de fraîcheur. La ruelle verte permet aux citoyennes et citoyens qui la côtoient d’exprimer leur créativité à travers la nature tout en solidifiant les liens sociaux qui les unissent. Elle devient un espace de rencontres et d’échanges pendant toute l’année. Eh oui, on voit souvent des activités organisées par les communautés durant l’été, mais aussi à l’occasion de l’Halloween ou de Noël! 

Vous voudriez faire de votre ruelle un espace naturel et dynamique? Découvrez le Programme d’aménagement de ruelles vertes et les étapes à réaliser pour faire naître ce projet!

L’année 2022 sous le signe de la biodiversité

La biodiversité est primordiale pour l’assainissement de l’air, la fertilisation des sols ou encore la filtration des eaux. C’est pourquoi nos efforts sont multiples et agissent à divers degrés.

Le verdissement 

Tout d’abord, l’arrondissement a réduit son utilisation de plantes annuelles dans les aménagements. On privilégie maintenant des espèces qui se sèment d’elles-mêmes, telles que le cosmos, les cléomes ou les cerises de terre. En contrepartie, les plantes indigènes et vivaces sont de plus en plus intégrées dans les aménagements. En effet, la verge d’or, les clématites et les chelones, pour ne nommer que celles-là, constituent un apport important en nourriture en raison de leur floraison sur toute la saison. Les graines, les fruits, le nectar, le feuillage : tout ceci offre une diversité importante de nourriture, ce qui attire les oiseaux et les mammifères. Cette façon de reproduire le milieu naturel habituel de la faune en ville participe activement à la biodiversité. 

Les hôtels à insectes sont une autre composante importante du verdissement. Faites de bois, de pots de terre cuite, de briques, de paille et de bambou, ces installations originales offrent un abri à une multitude d’insectes, favorisant leur protection et leur reproduction. Un peu à la manière de touristes en visite, ces insectes quittent l’hôtel et explorent les environs pour se nourrir, débarrassant ainsi l’espace vert environnant d’espèces nuisibles. Au final, les hôtels à insectes attirent et protègent une grande diversité d’insectes, ce qui favorise leur reproduction et la pollinisation de l’espace vert.

La déminéralisation 

En termes très simples, la déminéralisation consiste à remplacer des surfaces asphaltées ou bétonnées par de la végétation. En 2022, ce sont pas moins de 850 m2 de surface qui ont été déminéralisées et remplacées par de la végétation, ce qui représente plus de trois terrains de tennis! Cette augmentation de la canopée aide à enrayer les îlots de chaleur, et grâce à la diversité des arbres plantés, des impacts significatifs seront aussi observés notamment pour la protection des pollinisateurs et la filtration de l’eau dans le sol. Vous pourrez ainsi admirer les thuyas, les charmes de Caroline et les amélanchiers au coin des rues de la Montagne et Sherbrooke ou encore les érables de la rue Saint-Hubert, entre la rue de la Gauchetière et le boulevard René-Lévesque.

Des aménagements comestibles 

En 2022, neuf zones ont fait l’objet d’un réaménagement, c’est-à-dire que le gazon court qui s’y trouvait a été remplacé par des plantes comestibles. Certaines sont comestibles pour les humains, mais une sélection a également été faite pour nourrir la faune. En effet, des graminées et des semences d’arbustes nourrissent les oiseaux, et des plantes mellifères (nepeta, rosa, salvia, etc.) nourrissent quant à elles les pollinisateurs. Des arbustes aux feuillages persistants ou caducs (qui tombent naturellement chaque année) font aussi partie du lot, et ce, pour servir d’abri aux petits mammifères, aux oiseaux et aux insectes durant les quatre saisons. Ainsi, grâce à ces aménagements, tout le monde y trouve son compte!

Malgré un environnement contraignant, les équipes de Ville-Marie parviennent à déployer une multitude de projets à travers l’arrondissement pour favoriser la biodiversité. Les impacts positifs engendrés sont une démonstration sans équivoque qu’il est tout à fait possible, voire même nécessaire, d’intégrer la nature dans la ville. C’est avec cet objectif que les efforts se poursuivront en 2023!