7 questions à Murielle Burham-Bella, conseillère en développement communautaire

Mis à jour le 12 juin 2024
Temps de lecture : 5 min

Murielle Burham-Bella est conseillère en développement communautaire sur Le Plateau.

Affectée aux dossiers d’itinérance et de cohabitation sociale, Murielle est animée par des valeurs d’équité et de justice sociale qui la guident chaque jour dans l’exercice de ses fonctions. Partez à sa rencontre!

Comment t’es-tu retrouvée à occuper ce poste ? Quels sont ta formation et ton parcours ? 

Dotée d’une formation en histoire chapeautée par des études universitaires en anthropologie et en enseignement postsecondaire, j’ai joint l’équipe de développement social de l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal il y a maintenant deux ans. Auparavant, je faisais partie de l’équipe des sports, des loisirs et du développement social au sein de l’arrondissement de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension. 

Avant mon entrée à la Ville de Montréal, j’ai enseigné le français langue étrangère en Angleterre et j’ai cumulé dix années d’expériences professionnelles dans le milieu communautaire montréalais. J’ai œuvré en intervention sociale, en coordination de projets et en concertation intersectorielle dans les arrondissements de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce, du Plateau-Mont-Royal et de Verdun. Au fil des ans, j’ai travaillé dans des milieux marqués par la diversité culturelle et la défavorisation socioéconomique, puis auprès de populations variées : jeunes et leurs familles, aîné(e)s, personnes immigrantes, réfugiées ou demandeuses d’asile.  

Guidée par des valeurs d’équité et de justice sociale, mon parcours professionnel est jalonné d’expériences qui ont contribué à l’amélioration de la qualité de vie et au développement du plein potentiel de citoyen(ne)s, sans égard à leur âge, à leur statut social, économique, éducationnel ou migratoire. Riche de ce parcours, je consacre maintenant mes énergies à favoriser l’inclusion sociale de personnes parmi les plus vulnérables et marginalisées de notre société et à soutenir les autres personnes concernées par cette problématique sociale complexe qu’est l’itinérance. 

Que fait au quotidien une conseillère en développement communautaire ? 

Globalement, je mets en œuvre et j’évalue des politiques, des programmes et des projets liés au développement communautaire. Plus précisément, j’élabore, je planifie, je coordonne et j’évalue l’intervention communautaire de la Ville au regard de grandes problématiques urbaines et socio-communautaires, puis de groupes spécifiques de population. Cette responsabilité m’amène à intervenir dans un rôle de concertation auprès de partenaires de différents niveaux hiérarchiques, tant de la Ville que d’autres réseaux publics, privés ou communautaires. 

Puisque que l’itinérance est un phénomène en augmentation sur Le Plateau et que les enjeux de cohabitation sociale associés sont nombreux, 100 % de ma tâche est dédiée à la gestion de ce dossier. Sans s’y limiter et avec l’appui d’une agente de liaison en développement social, mon travail se résume comme suit :  

  • Développement de partenariats et d’ententes de collaboration avec les acteurs communautaires et institutionnels (santé et services sociaux, police) travaillant directement auprès des personnes en situation d’itinérance sur Le Plateau ; 

  • Organisation de rencontres avec les partenaires en itinérance et en cohabitation sociale de l’arrondissement ; 

  • Élaboration de stratégies et de plans d’action en cohabitation sociale pour des secteurs précis de l’arrondissement, puis suivi de leur mise en œuvre ; 

  • Suivi des projets communautaires locaux en itinérance et en cohabitation sociale financés par la Ville de Montréal ; 

  • Gestion des demandes de services citoyennes et coordination des actions pour mitiger les enjeux nommés ; 

  • Vigie locale des campements signalés dans l’espace public ; 

  • Expertise et rôle-conseil auprès des autres unités d’affaires de l’arrondissement. 

Quel est l’élément de ton travail que tu préfères ? 

Sans hésitation, ce que je préfère, c’est la création, le développement et le maintien de relations partenariales.  

Au quotidien, mon travail repose sur un maillage complexe de partenaires communautaires et institutionnels qui ont des rôles et des responsabilités distincts, mais complémentaires en matière d’itinérance et de cohabitation sociale.  

Ainsi, une part importante de mon travail consiste à établir et à entretenir des relations de collaboration avec des personnes travaillant dans des services d’hébergement d’urgence, avec des travailleur(-euse)s de rue, des médiateur(-trice)s sociaux, des professionnel(le)s de la santé et des services sociaux, des policier(-ère)s, des employé(e)s municipaux relevant des travaux publics, etc. 

Selon toi, quelles sont qualités requises pour occuper un poste comme le tien ? 

Sans prétention, mes deux années passées à l’arrondissement du Plateau confirment que plusieurs qualités sont requises pour un(e) fonctionnaire municipal(e) qui pilote le dossier de l’itinérance et de la cohabitation sociale au sein d’un arrondissement montréalais.  

En voici quelques-unes… 

D’abord, il faut être créatif ou créative et avoir un bon sens de l’organisation, car il n’y a pas de procédurier officiel ni de marche à suivre déterminée pour naviguer ce dossier tentaculaire impliquant des acteur(-trices) varié(e)s et pour lequel une municipalité à elle seule n’a pas toutes les clés. 

S’ajoutent une grande capacité d’écoute, du tact et de la diplomatie, puisqu’il faut négocier régulièrement avec des points de vue différents, voire opposés, et parvenir à créer une atmosphère de collaboration. C’est un peu comme faire de la broderie, mais avec des gens. 

Enfin, les leviers municipaux étant limités pour prévenir et endiguer l’itinérance, il est essentiel de savoir cultiver une motivation intrinsèque pour persévérer dans ce dossier. Les réussites et les succès ne sont pas toujours tangibles ou visibles à court terme, donc il est salutaire de trouver sa source de motivation autre part pour continuer. Personnellement, la mienne réside dans les valeurs d’équité et de justice sociale qui m’animent au quotidien. 

Les questions d’itinérance et de cohabitation sociale sont tes champs d’activités spécifiques à l’arrondissement. Qu’est-ce que l’arrondissement fait en ce sens ? 

Le Plateau travaille la question de l’itinérance et mitige les enjeux de cohabitation sociale associés dans la mesure de ses pouvoirs, de ses responsabilités municipales, puis de ses capacités opérationnelles et partenariales. 

Concrètement, l’arrondissement :  

  • Dédie une conseillère en développement communautaire à temps plein et une agente de liaison en développement social à mi-temps avec le soutien constant de deux gestionnaires pour coordonner ce dossier ; personnes avec qui il est possible de communiquer par le biais de l’adresse [email protected] ; 

  • Formule des recommandations aux équipes de la Ville de Montréal mandatées pour faire des représentations auprès des autres paliers gouvernementaux, notamment en matière de logements sociaux, de santé et de services sociaux ; 

  • Fait des représentations politiques par l’entremise de ses élus locaux (maire d’arrondissement, conseiller(ère)s de Ville et d’arrondissement) ; 

  • Participe activement à plusieurs instances de concertation locales et régionales portant sur les enjeux d’itinérance et de cohabitation sociale ; 

  • Facilite l’attribution de fonds publics pour le déploiement de projets communautaires en médiation sociale, en inclusion sociale et en intervention directe auprès des personnes en situation d’itinérance ; 

  • Coordonne des rencontres statutaires internes pour discuter d’enjeux opérationnels dans des secteurs ciblés (propreté, matériel de consommation à la traîne, campements, etc.) ; 

  • Soutient les activités du Comité de bon voisinage Milton-Parc et veille au bon déroulement des rencontres dont les comptes-rendus sont publics ; 

  • Soutient le déploiement sur Le Plateau de l’Équipe mobile de médiation et d’intervention sociale (EMMIS) joignable 24/7 | [email protected] ; 

  • Consacre une page Web qui récence les actions et les ressources en matière d’itinérance et de cohabitation sociale dans l’arrondissement.  

Que peut faire la population pour aider ? 

Lorsqu’il est question d’itinérance, la population est rapidement confrontée à un normal et légitime sentiment d’impuissance.  

Que puis-je faire sur le plan individuel pour contribuer à changer les choses ? Comment puis-je aider sans nuire ? Quelles sont les actions à ma portée et avec lesquelles je suis à l’aise pouvant faire ne serait-ce qu’une petite différence ?  

Sans prétendre à l’exhaustivité, voici quelques suggestions :  

  • Faire un don à une organisation dont la mission est d’offrir des services directs aux personnes en situation d’itinérance ; 

  • Consulter le site Web de ces organisations et vérifier celles qui acceptent des dons de vêtements ou de produits d’hygiène ; 

  • Offrir de son temps en faisant du bénévolat auprès de ces organisations ;  

  • Croiser du regard une personne en situation d’itinérance, lui dire bonjour ou lui faire un sourire ; 

  • Donner un peu d’argent à un(e) citoyen(ne) qui fait la manche afin que cette personne puisse se procurer ce qu’elle souhaite au moment qui lui convient. 

Petite remarque bienveillante en terminant :  

Avant d’offrir de la nourriture, de l’eau ou des vêtements à une personne que vous croisez dans la rue, demandez-lui si cette action charitable de votre part est bienvenue à ce moment précis et acceptez, sans jugement, sa réponse si celle-ci est négative. En effet, il ne faut jamais oublier que le geste de donner n’est pas pour se faire plaisir à Soi, mais bien pour faire plaisir à l’Autre. 

Enfin, as-tu un lieu coup de cœur sur Le Plateau ? 

J’aime beaucoup déambuler dans les rues du Mile-End, secteur de la ville dans lequel se trouvent plusieurs de mes adresses coup de cœur de la métropole. Un lieu que j’affectionne particulièrement est un magnifique salon de thé à l’anglaise sur le boulevard Saint-Laurent qui me rappelle, avec nostalgie, mes allers-retours entre Montréal et l’Angleterre. Thé fumant dans de jolies tasses en porcelaine, petits sandwichs traditionnels, scones, crème «Devon» et confitures sont de petits délices que je vous conseille vivement d’essayer au salon de thé Cardinal.